(Ottawa) Le marché du travail canadien a créé la surprise vendredi, en affichant pour le mois d’avril sa plus forte création d’emplois mensuelle depuis que le gouvernement a commencé à recueillir ces données, en 1976. Le taux de chômage québécois a reculé sous la barre des 5 % pour la première fois depuis que les données sont colligées.

L’économie canadienne a accueilli un total net de 106 500 nouveaux employés le mois dernier, principalement des emplois à plein temps, a indiqué Statistique Canada dans sa dernière enquête mensuelle sur la population active.

La ruée vers les nouveaux emplois a largement dépassé les prévisions du marché et a permis de ramener le taux de chômage à 5,7 %, comparativement à 5,8 % en mars.

Le marché du travail connaît une forte croissance depuis la mi-2016 et est resté un élément positif dans une économie qui vit certaines difficultés dans d’autres domaines. La croissance économique, par exemple, a presque stagné en hiver.

« Wow. C’est un rapport très solide. Presque tous les indicateurs de qualité sont sortis en force ce mois-ci », a écrit Brian DePratto, économiste principal de la Banque TD, dans une note de recherche.

« Il faut traiter cela comme un message clair montrant que les employeurs font toujours confiance à l’économie canadienne. »

Dans l’ensemble, par rapport à mars, l’emploi a progressé de 0,6 % en avril, ce qui constitue la plus forte croissance mensuelle proportionnelle depuis 1994, alors qu’il avait atteint 0,7 %.

Un examen plus approfondi révèle que le gain global d’avril a été alimenté par la création de 73 000 emplois à temps plein et de 83 800 postes dans le secteur privé.

Les gains ont été répartis dans de nombreux secteurs, tant les industries de services que les usines de fabrication ayant créé des emplois. Quelque 32 400 postes ont été créés dans le secteur du commerce de gros et de détail, tandis que le secteur de la construction a accueilli 29 200 nouveaux travailleurs.

La création de 66 400 postes à temps partiel pour les travailleurs âgés de 15 à 24 ans a permis de réduire le taux de chômage des jeunes le mois dernier à 10,3 %, contre 10,7 % précédemment, a révélé le rapport de Statistique Canada.

Par région, l’Ontario, le Québec, l’Alberta et l’Île-du-Prince-Édouard ont tous enregistré des gains nets d’emplois le mois dernier.

Au Québec, un total net de 37 900 emplois ont été créés en avril, une hausse de 0,9 % par rapport au mois de mars. Le taux de chômage québécois a fléchi de 0,3 point de pourcentage pour se fixer à 4,9 %, reculant sous la barre des 5 % pour la première fois depuis que les données sont colligées.

Hélène Bégin, économiste principale pour Desjardins, a en outre souligné dans un rapport que près de 80 % de la hausse globale était concentrée en Ontario, qui a créé 47 100 emplois en avril.

La croissance du salaire horaire moyen pour tous les employés a été de 2,5 % en avril, alors qu’elle avait été de 2,4 % en mars. La croissance des salaires est un indicateur clé surveillé par la Banque du Canada avant ses décisions en matière de taux d’intérêt.

Solide trajectoire depuis un certain temps

Robert Kavcic, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux, a estimé que, dans l’ensemble, les solides données suggéraient que l’économie a repris de la vigueur au deuxième trimestre, après un fort ralentissement hivernal.

La Banque du Canada a imputé la décélération de l’économie à des facteurs temporaires et prévoit une nouvelle accélération tout au long de 2019.

Bien que les chiffres mensuels sur le marché du travail soient souvent volatils, la tendance canadienne suit une solide trajectoire depuis un certain temps.

Par rapport à l’année précédente, l’économie a créé 426 400 emplois, soit une augmentation de 2,3 %. Le marché du travail a créé en moyenne 36 000 emplois par mois au cours de la dernière année.

Les chiffres sont restés élevés même si de plus en plus de personnes cherchaient du travail au Canada. Le nombre de travailleurs a augmenté ces dernières années, en grande partie grâce à une forte augmentation de l’immigration.

« La bonne nouvelle est que, malgré le fait que nous ayons assisté à une augmentation aussi importante de la croissance de la population active, le taux de chômage a diminué », a souligné M. Kavcic.

« Le marché du travail canadien réussit plutôt bien à absorber cet afflux de main-d’œuvre en ce moment. »

L’augmentation d’avril a remis le Canada sur la voie de la création d’emplois, après une interruption d’un mois en mars.

L’emploi total avait diminué de 7200 emplois nets en mars, ce qui était la première baisse mensuelle après six mois consécutifs de hausse, de septembre à février.

Les économistes tablaient sur un gain de 10 000 emplois pour le mois et sur un taux de chômage de 5,8 %, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.