Soixante-quinze ans après sa création, Hydro-Québec veut se donner un nouveau mandat : aider ses clients à réduire leur consommation d'électricité, afin de pouvoir exporter davantage.

« On pense à mettre sur pied une filiale pour y travailler avec les gens, a développé Éric Martel hier devant son auditoire de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. On est en train de développer un business case. »

« Ça pourrait être un bon projet collectif », a-t-il plaidé.

La consommation d'électricité au Québec n'augmente plus depuis 2007 et pourrait continuer de baisser avec la popularité des nouvelles technologies de production et de gestion de l'énergie. Plutôt que de continuer à s'en désoler, Hydro-Québec peut en bénéficier, estime le président et chef de la direction de la société d'État.

Tout le monde profiterait de ce changement de cap, selon lui. « Les Québécois pourraient se mettre plus d'argent dans les poches et ça nous donnerait plus d'énergie à exporter. »

Les technologies qui permettent aux consommateurs de produire et de gérer eux-mêmes l'énergie qu'ils consomment pourraient réduire la consommation d'électricité du Québec de 5 ou 10 %. « Ça fait des térawattheures de plus qu'on peut vendre », a-t-il répété.

Le contrat d'exportation conclu avec le Massachusetts et le récent regain d'intérêt de la Ville de New York pour l'électricité québécoise laissent espérer une réduction des surplus actuels, a commenté Éric Martel lors d'un point de presse.

Avec ces deux contrats, s'ils se concrétisent, Hydro aurait encore assez d'électricité en surplus pour « un autre, plus petit », a-t-il dit.

Éric Martel estime qu'il est « prématuré » d'évoquer un accroissement de la capacité, que ce soit en ressuscitant le projet éolien Apuiat ou en construisant un nouveau barrage.

En même temps, il reconnaît que l'amélioration des perspectives d'exportation « nous mène [à l'augmentation de la capacité de production] ». 

Une décision d'ici 2021

Pour Hydro-Québec, la suite dépend de la consommation des Québécois, qui pourrait diminuer, de la demande de la grande industrie, et de ce qui arrivera au contrat de Churchill Falls avec Terre-Neuve qui prend fin officiellement en 2041.

Hydro-Québec se donne jusqu'en 2021 pour décider si un ajout de capacité est nécessaire et où serait construite la future centrale hydroélectrique. Il faut prévoir de 17 à 20 ans avant de faire aboutir un projet de ce genre, a rappelé M. Martel, ce qui mène jusqu'en 2041.