La Banque du Canada a passablement réduit hier ses attentes de croissance pour l’économie canadienne pour l’année en cours. Elle a aussi éliminé de son discours la référence aux futures hausses de taux qui en faisait partie depuis la fin de 2017, au point où les observateurs commencent à croire qu’une baisse prochaine du taux directeur n’est plus à écarter.

« On s’attend maintenant à ce que la croissance au premier semestre de 2019 soit plus lente qu’escompté en janvier », a indiqué hier le gouverneur Stephen Poloz, qui a révisé de 1,7 % à 1,2 % le taux de croissance prévu cette année.

La banque centrale a laissé son taux directeur inchangé, à 1,75 %, ce qui n’a surpris personne. Ce qui est plus surprenant, par contre, c’est qu’il n’est plus du tout question de hausse de taux, mais plutôt du contraire. « Le Conseil de direction juge qu’un taux directeur expansionniste demeure justifié », estime maintenant la banque.

Après avoir décrété cinq hausses de taux depuis 2017, la Banque du Canada met donc les freins. Aucune nouvelle hausse n’est maintenant prévisible cette année, et peut-être pas l’année prochaine non plus. « Les probabilités d’une éventuelle hausse des taux directeurs en 2020 deviennent toutefois plus faibles », a commenté hier Benoit Durocher, économiste principal de Desjardins.

Une baisse ?

Les prévisions de croissance de la Banque du Canada pour 2019 sont maintenant plus pessimistes que celles de la moyenne des prévisionnistes du secteur privé.

La banque cite la faiblesse du secteur pétrolier canadien, l’incertitude persistante qui pèse sur le commerce mondial et la rationalisation des dépenses entreprise par le gouvernement de Doug Ford en Ontario comme les principales causes du manque de vigueur de l’économie.

Selon son gouverneur, toutefois, « il y a de bonnes raisons de croire que l’économie va se redresser dans la deuxième moitié de l’année ». Ce n’est pas la première fois que la banque centrale prévoit que le meilleur est à venir.

Si elle se trompe, elle ne pourra faire autrement que de réduire les taux, estime David Rosenberg, économiste en chef et stratège de la firme Gluskin Sheff, qui croit que la banque vient de tracer « une ligne dans le sable ».

Le taux de probabilité d’une baisse du taux directeur, mesuré dans le marché, a augmenté après l’annonce de la banque centrale.

« Après l’annonce d’aujourd’hui, nous ne voyons pas de place pour plus d’assouplissement, à moins de parler explicitement de réduire les taux », estime pour sa part Dominique Lapointe, économiste à la Banque Laurentienne.

En conférence de presse, le gouverneur Poloz a affirmé qu’à son avis, les taux avaient plus de chances d’aller vers le haut que vers le bas.

La prochaine décision de la Banque du Canada sur le taux directeur est prévue le 29 mai.