(Bruxelles) L’UE a dévoilé mercredi une longue liste de biens manufacturés aux États-Unis qui pourraient être taxés jusqu’à hauteur de 12 milliards de dollars US, allant du ketchup aux pièces détachées de voiture, en guise de « contre-mesures » aux subventions américaines à Boeing.

L’UE cible ainsi des taxes douanières « équivalant aux dommages estimés causés à Airbus par l’aide américaine à Boeing », explique la Commission européenne dans un communiqué.

La liste de produits visés va faire l’objet d’une consultation publique au sein de l’UE, jusqu’au 31 mai, afin de recueillir le sentiment des acteurs directement affectés par les mesures prévues.

La commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström a toutefois assuré qu’il ne s’agissait pas de s’engager dans des représailles.

« Nous devons continuer à défendre des règles du jeu équitables pour notre industrie. Mais soyons clairs, nous ne voulons pas de surenchère », a-t-elle déclaré, citée dans le communiqué.  

« Si nous devons être prêts à prendre des contre-mesures au cas où il n’y aurait pas d’autre solution, je continue de croire que le dialogue devrait prévaloir entre des partenaires importants tels que l’UE et les États-Unis, notamment pour mettre fin à ce différend de longue date », a-t-elle souligné.

« L’UE reste ouverte à des discussions avec les États-Unis, pour autant qu’elles se déroulent sans condition préalable et visent un résultat équitable », a-t-elle ajouté.

« Nous préférerions bien sûr une solution négociée », a insisté Daniel Rosario, porte-parole de la Commission, lors d’un point presse.

Cette nouvelle étape côté européen intervient après de récentes déclarations du président américain Donald Trump, qui a menacé d’imposer des taxes à hauteur de 11 milliards de dollars sur des produits en compensation de subventions européennes en faveur d’Airbus.

Les montants qui seront récupérés par les deux parties dans ces litiges sur les subventions seront déterminés par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Et les sommes finales seront vraisemblablement très inférieures aux demandes formulées par l’UE et les États-Unis.

La querelle commerciale entre Boeing et Airbus dure depuis 14 ans, l’UE et les États-Unis s’accusant mutuellement à l’OMC de distribuer des aides d’État illégales à leurs champions aéronautiques respectifs depuis les années 1990.

Ces griefs se sont trouvés pris dans l’offensive protectionniste lancée par Donald Trump contre l’Europe, alors que continue de peser la menace de Washington d’imposer des taxes sur les importations de voitures.

Dans l’espoir d’éviter un conflit commercial et d’apaiser Donald Trump, l’UE a accepté lundi de lancer des négociations formelles sur un accord limité avec les États-Unis. Cet accord fait suite à une trêve surprise, négociée en juillet entre Trump et l’UE après que les États-Unis avaient imposé des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, qui sont toujours applicables.