À moins d'une semaine d'une conférence sur l'intelligence artificielle (IA) qui se tiendra Montréal, un nouveau rapport suggère que le Canada a encore du pain sur la planche en matière de rétention des cerveaux.

Préparé par l'entreprise québécoise Element AI, le document relève que 38 % des 880 spécialistes ayant obtenu un doctorat au pays travaillent actuellement pour une société étrangère, ce qui est supérieur à la moyenne de 27 %.

À l'inverse, le Canada a accueilli 185 experts en provenance de l'étranger, souligne le Rapport mondial 2019 sur les talents en IA qui a été publié cette semaine.

Selon le cofondateur de l'entreprise québécoise ayant vu le jour en 2016 et qui compte désormais 500 employés, Jean-François Gagné, il n'y a pas un exode des cerveaux au Canada malgré la proportion de spécialistes à l'emploi d'une compagnie établie à l'extérieur.

« Il y a encore des efforts à faire, mais nous avons effectué d'importants progrès depuis cinq ans, a-t-il dit au cours d'un entretien téléphonique, jeudi. La preuve, c'est que des compagnies américaines (comme Google et Facebook) ouvrent des laboratoires à Montréal. »

Selon M. Gagné, l'efficacité de la rétention ira en s'améliorant au fur et à mesure que l'on commercialisera des découvertes effectuées au Québec et au Canada.

Ce sont les compagnies établies aux États-Unis qui semblent avoir attiré le plus grand nombre des 880 chercheurs canadiens recensés par Element AI, avec 255, devant le Royaume-Uni, avec 40 personnes.

À l'échelle mondiale, le rapport estime qu'il y avait 36 524 spécialistes de ce secteur au début de 2019, en hausse de 66 % sur un an, alors que le nombre d'articles scientifiques publiés a progressé de 19 %.

D'après le document, le Canada se classe dans le top 5 de l'industrie, derrière les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et l'Allemagne.

Toutefois, il semble que les universités canadiennes ne forment que 4 % des experts internationaux, contre 44 % pour les Américains et 11 % du côté des Chinois. M. Gagné estime néanmoins que cette performance est notable.

« C'est assez spécial compte tenu du contexte très concurrentiel, a-t-il expliqué. On ne parle pas d'une science qui est marginale, mais qui est au coeur de la stratégie des pays. Que le Canada puisse tirer son épingle du jeu, c'est exceptionnel. »

Le rapport souligne également que les femmes sont sous-représentées car celles-ci ne constituaient que 18 % des chercheurs ayant publié ou contribué à des conférences internationales.

M. Gagné estime que cela démontre qu'il y a un coup de barre à donner pour que tous puissent avoir un « droit de parole » en matière d'intelligence artificielle, « une science appelée à grandement modifier les sociétés ».

« Il y a des défis à surmonter en matière d'accessibilité à l'IA dès un jeune âge, a expliqué le dirigeant d'Element AI. Il faut effectuer une promotion de la science en utilisant des véhicules qui représentent les intérêts de tous, dont les femmes. »

La semaine prochaine, le World Summit AI réunira près d'un millier de représentants du secteur de l'IA, dont 60 conférenciers, comme le professeur de l'Université de Montréal et directeur scientifique de l'Institut québécois d'intelligence artificielle Yoshua Bengio.

Des représentants de géants comme Google, Amazon, LinkedIn et Pinterest prendront également part à l'événement.

La semaine dernière, une étude de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) suggérait que rien ne garantissait que les millions de dollars d'argent public injectés par les gouvernements provincial et fédéral allaient générer des retombées qui profiteront à tous.

Selon les calculs des chercheurs, plus de 2,5 milliards ont été allongés par Québec et Ottawa depuis 2017.