Un député conservateur du Québec qualifie d'« absurde » la décision de la Chine d'interdire les importations de canola canadien.

Luc Berthold, député conservateur de Mégantic-L'Érable, réagissait vendredi à la décision de Pékin lors d'une réunion du comité de l'agriculture de la Chambre des communes, à Ottawa.

Le comité débattait vendredi de la motion conservatrice visant à contraindre la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, le ministre du Commerce international, Jim Carr, et la ministre de l'Agriculture, Marie-Claude Bibeau, à régler une « crise politique plus large » avec la Chine, qui affecte les moyens de subsistance des agriculteurs canadiens.

Pékin soutient qu'on a trouvé des organismes dangereux dans les cargaisons des deux principaux exportateurs canadiens de canola, Richardson International et Viterra. Plus tôt cette semaine, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a déclaré que les décisions chinoises concernant le canola étaient « scientifiques et raisonnables ».

La décision de la Chine d'interdire ces exportations d'une valeur de deux milliards de dollars est largement considérée comme une mesure de représailles à la suite de l'arrestation par le Canada, à la demande des États-Unis, de Meng Wanzhou, fille du fondateur du géant des télécommunications Huawei. Neuf jours après l'arrestation de Mme Meng le 1er décembre, Pékin a aussi détenu deux Canadiens - l'ex-diplomate Michael Kovrig et l'entrepreneur Michael Spavor - et les a accusés d'atteinte à la sécurité nationale de la Chine.

Le député conservateur de la Saskatchewan Randy Hoback a soutenu vendredi que les ministres devaient rassurer les agriculteurs sur les possibilités de vendre leurs récoltes l'automne prochain.

Luc Berthold a de son côté dénoncé les prétentions des Chinois concernant la qualité du canola canadien. « Il est complètement absurde de prétendre que le canola envoyé en Chine ne respecte pas les normes de qualité, a-t-il déclaré. Nous avons besoin d'une solution rapide. »

Pas d'autres plaintes

La Chine, qui achète environ 40 % des exportations canadiennes de semences de canola, est le seul pays à avoir soulevé un problème technique avec le produit.

L'industrie canadienne du canola exhorte le premier ministre Justin Trudeau à faire pression sur Pékin afin de trouver des solutions dans ce dossier. Les agriculteurs canadiens plaident que cette interdiction a créé une incertitude à la veille de la saison des semailles du printemps. Avec le Conseil canadien du canola, ils demandent au gouvernement d'envoyer une délégation en Chine pour s'attaquer à ce problème.

La Chambre de commerce du Canada affirme de son côté que la décision de la Chine n'était basée sur aucun fondement scientifique. Mark Agnew, directeur principal des politiques internationales à la Chambre, assure qu'il fait confiance aux évaluations scientifiques de Santé Canada et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, selon lesquelles le canola canadien est sans danger. M. Agnew n'est toutefois pas allé jusqu'à accuser la République populaire de Chine d'avoir agi en représailles à l'affaire Huawei.

Plus tôt cette semaine, M. Trudeau a évoqué cette possibilité d'envoyer une délégation en Chine, tout en se portant à la défense du contrôle de la qualité de ce produit qualifié « de premier ordre et de classe mondiale ».

Le député conservateur Hoback a quant à lui soutenu que d'autres secteurs pourraient être vulnérables aux représailles chinoises, notamment le sirop d'érable ou les fruits de mer, si le gouvernement ne peut renouer avec la Chine.

Pékin espérait cette semaine que le Canada « s'entende avec nous pour assurer le développement sain et régulier des relations sino-canadiennes », sans mentionner directement l'affaire Huawei. Le porte-parole Geng a ajouté que le Canada devrait « prendre des mesures concrètes pour corriger les erreurs commises » dans ses relations bilatérales.