(Ottawa) Le taux de chômage canadien a reculé en septembre près de son plus faible niveau depuis près de quatre décennies, semblant faire fi de tous les signes de ralentissement économique mondial, mais des économistes ont souligné que les données n’étaient pas toutes complètement positives.

L’enquête mensuelle de Statistique Canada sur la population active a montré que l’économie avait créé environ 54 000 emplois nets en septembre, principalement grâce à la progression du travail à temps plein et à la baisse du taux de chômage à l’échelle nationale de 0,2 point, à 5,5 %.

Ces chiffres ont surpassé les attentes des analystes, qui visaient la création de 10 000 emplois au pays en septembre, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

La croissance de l’emploi était principalement concentrée dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale, ainsi que dans celui des services d’hébergement et de restauration. L’agence fédérale a en outre observé une augmentation du nombre de travailleurs du secteur public et de travailleurs autonomes.

Environ 70 000 des nouveaux emplois étaient des emplois à temps plein, et le nombre de travailleurs à temps partiel a diminué, a poursuivi Statistique Canada dans son rapport.

Les salaires horaires moyens ont également augmenté par rapport à il y a un an.

« Le marché du travail canadien a vraiment affiché toute une performance au cours de la dernière année. La croissance de l’emploi a été très forte, et nous observons que ça se poursuit au troisième trimestre », a souligné Josh Nye, économiste principal à Économique RBC.

« Le taux de chômage est faible et les salaires commencent à augmenter — la croissance des salaires était vraiment l’élément manquant de ce qui semblait être une toile de fond assez solide pour le marché du travail l’an dernier. »

L’agence fédérale a souligné que le secteur des services avait enregistré un gain de 49 400 nouveaux emplois le mois dernier, mais une baisse de 21 000 emplois dans le secteur privé — même si les emplois dans le secteur privé étaient en hausse d’une année à l’autre.

Les jeunes travailleurs âgés de 15 à 24 ans ont vu leurs rangs diminuer du côté des travailleurs à temps plein et à temps partiel. Leur taux de chômage a grimpé à 11,9 %, ce qui n’était pas si différent de ce qu’il était il y a un an.

Par rapport à l’année précédente, le nombre d’emplois au Canada a grimpé de 456 000, ce qui représente une augmentation de 2,4 %.

L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, a souligné que malgré la croissance fulgurante du nombre d’emplois au cours de la dernière année, l’ensemble de l’économie restait morose, avec une croissance du produit intérieur brut sur douze mois de 1,3 %.

« Nous obtenons des emplois, mais cela ne se traduit pas vraiment par des gains importants dans les dépenses ou dans l’ensemble de l’économie en ce qui a trait aux gains de production d’ensemble. La croissance est encore assez modeste dans ce pays, nous n’avons donc pas un grand retour sur investissement », a souligné M. Porter.

« Donc, je ne dirais pas que la situation générale est complètement rose, mais il est toujours encourageant, à mon avis, de continuer à dégager des hausses du nombre d’emplois. »

Avery Shenfeld, économiste en chef chez Marchés des capitaux CIBC, a indiqué dans une note que la faiblesse du taux de chômage convaincrait probablement la Banque du Canada de maintenir son taux d’intérêt directeur.

Mais il a prévenu que les économistes surveilleraient, pendant le reste de l’année, toutes les données qui pourraient suggérer qu’un ralentissement mondial se prépare à échouer sur les rivages économiques du Canada.

Meilleurs gains en Ontario

La croissance du nombre d’emplois était particulièrement concentrée en Ontario, où un gain net de 41 000 emplois a été enregistré, a souligné Statistique Canada. Le taux de chômage ontarien a ainsi retraité de 0,3 point à 5,3 %, et l’emploi affiche dans cette province une croissance de 3,5 % sur un an, avec un ajout net de 253 000 postes.

Au Québec, la création nette de 13 600 emplois le mois dernier n’a pas su empêcher le taux de chômage de croître de 0,1 point de pourcentage. À 4,8 %, celui-ci reste néanmoins encore près du taux de chômage de 4,7 % enregistré en août — qui était le plus faible pour la province depuis que ces données sont colligées, en 1976.

En Nouvelle-Écosse, l’emploi s’est accru de 3200 et la totalité de l’augmentation était attribuable au travail à temps plein. Le taux de chômage provincial a diminué de 0,7 point pour passer à 7,2 %.

La plus forte baisse de l’emploi a été observée en Colombie-Britannique, où 8400 emplois ont disparu.