Alfred, la seule application mobile qui permet la vente et l’achat de vins entre individus au Québec, ne verse que 2,5 % de commission à la SAQ, soit quatre fois moins que les maisons d’encan à qui la société d’État a donné la même autorisation.

La Presse a obtenu, grâce à une décision de la Commission d’accès à l’information du Québec, une copie de l’entente signée en avril 2016 entre Les Celliers intelligents, l’entreprise derrière Alfred, et la Société des alcools du Québec (SAQ).

Cette dernière s’y opposait, au motif que le dévoilement du taux de commission payé par Les Celliers intelligents pourrait inciter les maisons d’encan à renégocier à la baisse le taux de commission qu’elles doivent elles-mêmes payer.

Malgré les pressions subies par les maisons d’encan pour faire diminuer le montant de la commission qui leur est versée, la SAQ a toujours refusé de la modifier, réussissant ainsi à maintenir un pourcentage de commission uniforme pour l’ensemble des maisons d’encan.

Extrait de la décision de la Commission d’accès à l’information du Québec

Cette décision a écarté les arguments de la SAQ voulant que la divulgation de ce taux porterait atteinte à ses intérêts économiques en rappelant à la société d’État qu’elle jouit d’un monopole.

La commission payée par les maisons d’encan est de 10 %, a par la suite dévoilé la porte-parole de la SAQ, Linda Bouchard.

Selon celle-ci, ce prix plus élevé s’explique par le fait que les « interventions [de la SAQ] avec les maisons d’encan sont plus importantes ».

« Ce sont des gens de chez nous qui vérifient l’état des bouchons et des étiquettes, ou encore le niveau de la bouteille » pour tenter de valider autant que possible la qualité du vin, a fait valoir la porte-parole.

L’entente avec Alfred prévoit que ce sont Les Celliers intelligents qui s’occupent eux-mêmes de ces vérifications. Dans un cas comme dans l’autre, la SAQ ne garantit pas la qualité des bouteilles.

Frustration des maisons d’encan

Comme prévu par la SAQ, le dévoilement de la commission payée par Les Celliers intelligents a choqué un dirigeant d’une maison d’encan à qui La Presse a pu parler vendredi, mais qui a requis l’anonymat afin de ne pas mettre à mal ses relations d’affaires avec la société d’État.

[Le] travail [de la SAQ] consiste uniquement à regarder les photos de notre catalogue et à dire si, oui ou non, on peut vendre ces bouteilles.

Un dirigeant d’une maison d’encan ayant requis l’anonymat

Jamais un expert de la SAQ ne se serait déplacé pour aller observer les bouteilles en personne. « Ça ne justifie vraiment pas le 10 %, ça c’est clair. »

— Avec William Leclerc, La Presse