(Londres) Le Royaume-Uni devrait entrer en récession en cas de Brexit sans accord, a annoncé l’Office de Responsabilité Budgétaire (OBR) dans des prévisions économiques publiées jeudi.

« Le Royaume-Uni entrera en récession au quatrième trimestre 2019, pour une durée d’un an. Le PIB tombera de 2,1 % », explique le rapport de l’OBR, l’institut officiel britannique chargé des prévisions économiques et budgétaires.

Les deux candidats au 10 Downing Street, Boris Johnson et Jeremy Hunt, n’ont pas écarté l’hypothèse d’une sortie britannique de l’UE sans accord, une éventualité pour laquelle le Fonds Monétaire International (FMI) a établi deux scénarios, un « no-deal dur » et un « no-deal doux ».  

Les prévisions de l’OBR s’appuient sur un scénario de « no-deal doux ». Dans cette hypothèse, un régime tarifaire temporaire annoncé par le gouvernement devrait permettre à 87 % des produits importés d’être exemptés de taxes d’importation pendant un an, avant de passer aux taux pour les « nations les plus favorisées » par l’Union européenne, qui tournent autour de 4 %. Les 13 % de produits restants feraient en revanche immédiatement l’objet de tarifs douaniers.

De plus, l’arrivée de barrières non tarifaires au commerce avec l’UE entraînerait une augmentation des prix des denrées importées, et l’immigration nette au Royaume-Uni diminuerait de 25 000 personnes par an d’ici à la fin de la décennie réduisant la main-d’œuvre disponible.

Selon l’OBR, la livre sterling chuterait de 10 % immédiatement après le départ britannique de l’UE le 31 octobre dans ce scénario sans accord. Les prix de l’immobilier résidentiel tomberaient de près de 10 % entre le début de 2019 et la fin de 2021.

D’ici à la mi-2021, le PIB serait 4 % plus bas que ce qu’avait prévu l’OBR en mars dernier en cas de Brexit avec accord. Cependant, l’économie se reprendrait quelque peu ensuite et au début 2024 le PIB ne serait finalement inférieur que de 1,6 % à ce que l’OBR envisageait en cas de Brexit avec accord.

« Faire face aux conséquences »

« Le rapport publié par l’OBR ce matin montre que même la version la plus douce d’une sortie sans accord porterait un coup très fort à l’économie britannique […] Mais cette version douce n’est pas celle dont discutent les chefs de file des Brexiters, ils parlent d’une version beaucoup plus dure, qui bouleverserait encore davantage notre économie », a prévenu Philip Hammond, ministre des Finances britannique.

Début juillet, Philip Hammond avait déclaré que le gouvernement britannique devrait utiliser toute sa cagnotte budgétaire en cas de Brexit sans accord, évoquant un impact de 90 milliards de livres (100 milliards d’euros) sur les finances publiques.

De son coté, Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE sur la question du Brexit, a prévenu jeudi sur la BBC que le Royaume-Uni devrait « faire face aux conséquences » s’il venait à quitter l’UE sans accord.

Les économistes redoutent les effets d’un Brexit sans accord depuis le referendum de 2016, toutefois l’économie britannique a mieux tenu le choc qu’espéré.

Par exemple, les ventes au détail au Royaume-Uni ont augmenté de 1 % en juin par rapport à mai, selon un rapport publié jeudi par l’Office des statistiques nationales (ONS).

« L’augmentation étonnamment forte des ventes au détail en juin montre de nouveau que les consommateurs ont été plus résistants que d’autres parties de l’économie - et semblent avoir écarté sans mal les inquiétudes du Brexit », explique Howard Archer, analyste chez EY.