(Ottawa) La Banque du Canada a laissé son taux d’intérêt directeur inchangé mercredi, dans une annonce qui a jonglé avec les améliorations économiques nationales et le ralentissement mondial croissant provoqué par les conflits commerciaux.

La décision de mercredi laisse le taux directeur à 1,75 % pour une sixième rencontre consécutive, alors que le Canada rebondit après une période de ralentissement qui a presque paralysé l’économie à la fin 2018 et au début 2019.

Le gouverneur Stephen Poloz et le conseil de direction de la banque centrale ne semblaient pas pressés de modifier le taux, alors même qu’ils notaient que les responsables politiques américains et européens ont indiqué qu’ils pourraient introduire des réductions pour répondre à l’affaiblissement de l’activité économique mondiale.

« Les données récentes montrent que la croissance de l’économie canadienne est en train de retourner à son potentiel », a affirmé la Banque du Canada dans un communiqué.

« Cependant, les perspectives sont assombries par les tensions commerciales persistantes. Compte tenu de ces éléments, le degré de détente monétaire qu’offre le taux directeur actuel demeure approprié. »

La vaste majorité des observateurs s’attendaient à ce que la Banque du Canada laisse son taux directeur inchangé. La banque a indiqué qu’elle continuerait à surveiller les données en prévision de ses décisions futures, en mettant notamment l’accent sur l’évolution du secteur de l’énergie et l’incidence des tensions commerciales mondiales.

Les projections économiques mises à jour de la banque, qui ont également été publiées mercredi dans son Rapport sur la politique monétaire, ont également reflété les retombées de l’environnement commercial incertain.

L’impact des conflits commerciaux

La banque a révisé à la baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2019, la faisant passer de 3,2 % à 3,0 % en raison de différends commerciaux — le conflit américano-chinois en particulier — qui ont secoué l’économie mondiale.

« L’escalade des conflits commerciaux et des tensions géopolitiques, et l’incertitude accrue qui en découle, ont contribué au ralentissement généralisé de l’activité économique mondiale », a souligné la banque centrale dans son rapport.

Les luttes commerciales de plus grande ampleur et, dans certains cas, les actions directes ont des répercussions sur le Canada.

Les récentes mesures commerciales prises par la Chine sur certains produits de viande et de canola en provenance du Canada devraient réduire les exportations de 0,2 %, a calculé la banque. Les changements, notamment des inspections plus strictes des marchandises canadiennes par les autorités chinoises, surviennent en parallèle avec un conflit diplomatique bilatéral.

La banque prédit une croissance économique de 1,3 % pour le Canada cette année, soit légèrement plus que celle de 1,2 % avancée dans ses prévisions d’avril, et une expansion de 1,9 % pour 2020, en baisse par rapport à sa prévision précédente à cet effet, qui était de 2,1 %.

La Banque du Canada a relevé ses prévisions de croissance pour le deuxième trimestre au taux annualisé de 2,3 %, en hausse par rapport à sa prévision d’avril de 1,3 %, à la suite du meilleur rebond que prévu après le ralentissement observé au début de l’année. Elle prévoyait une croissance annuelle de 1,5 % au troisième trimestre.

La robustesse inattendue de l’économie est attribuable à des facteurs temporaires tels que la reprise après les faiblesses liées au climat et la relance de la production pétrolière, a précisé la banque centrale.

La consommation au Canada est soutenue par la santé du marché du travail et la hausse des salaires, tandis que le marché de l’habitation se stabilise à l’échelle du pays, a observé la banque. En outre, les incitations financières liées au climat versées par le gouvernement fédéral pourraient également stimuler temporairement les dépenses des ménages.

L’économie canadienne a fonctionné pratiquement au maximum de sa capacité pendant la plus grande partie de 2017 et 2018, une période qui a vu M. Poloz relever le taux d’intérêt directeur à cinq reprises. Une forte baisse des prix du pétrole à la fin de 2018 a convaincu la banque de faire une pause et celle-ci n’a pas touché à son taux depuis octobre dernier.