(Québec) Le gouvernement caquiste a dissipé les doutes, jeudi, quant à son appui au projet controversé de pipeline et d’usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay destiné à l’exportation.

Le premier ministre François Legault avait déjà exprimé un intérêt favorable envers le projet Énergie Saguenay de GNL Québec, tandis que son ministre de l’Environnement, Benoit Charette, avait laissé entendre qu’il pouvait dire non au projet.

Or jeudi matin, le ministre des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a exprimé son soutien sans équivoque en Chambre. Il a repris l’argument du promoteur selon lequel l’usine allait réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde — une hypothèse qui est pourtant contestée.

«Ça va réduire de manière formidable, formidable, les GES à travers le monde, on va en faire la démonstration, et c’est sur cette base-là, environnementale, que la décision sera prise. Mais 14 milliards d’investissements au Québec, on est pour ça, on est très pour ça.»

Il répondait à la députée de Mercier, Ruba Ghazal, de Québec solidaire, qui a demandé au gouvernement de cesser de promouvoir le projet «qui va émettre 17 fois plus de gaz à effet de serre» que la cimenterie de Port-Daniel en Gaspésie, un autre projet industriel controversé.

Le Parti québécois a fait ressortir que, dans les documents de l’entreprise, un seul des scénarios d’exportation correspond à une réduction des émissions des GES, avec le remplacement complet d’un approvisionnement de mazout ou de charbon par du gaz naturel.

PC

Sylvain Gaudreault

Le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, s’est fondé sur un rapport technique où le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), établi à Polytechnique Montréal, analyse les scénarios de GNL Québec.

Ainsi, dans ce scénario, la moitié des exportations de l’usine de GNL (50%) sont destinées à l’Asie, et elles serviraient alors de substitut au charbon, donc, une réduction de GES.

Une autre part des exportations, 40%, est destinée à l’Europe : mais seulement une proportion de 13% servirait à remplacer du charbon, tandis qu’un autre bloc de 13% remplacerait du nucléaire — donc des émissions supplémentaires de GES, puisque l’énergie nucléaire n’en émet pas. Le dernier bloc de 13% servirait uniquement à supplanter du gaz naturel provenant d’une autre source d’approvisionnement.

Enfin, le solde de 10% restant en exportations serait destiné au Brésil, où il ne remplacerait aucune autre source et s’additionnerait simplement au bilan carbone.

Dans le document, on peut lire que «CIRAIG ou les membres du comité de revue critique ne sont pas en position d’entériner le scénario d’exportation».

Le projet dans son ensemble consiste en la construction d’un gazoduc de 750 km qui irait de l’Ontario transportant du gaz de l’Ouest jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour ensuite l’exporter à l’étranger par pétrolier.

L’usine doit produire 11 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, soit le double de tout ce que le Québec consomme en un an.

Lundi, des chercheurs ont publié une lettre ouverte dans Le Devoir pour appeler le gouvernement à refuser le projet. Ils rappelaient que 7,8 millions de tonnes de GES par an seront générées, de l’extraction du gaz jusqu’à sa sortie de l’usine.