(Paris) Le ministre canadien du Commerce, Jim Carr, a souligné jeudi « l’urgence » de réformer l’OMC face à la probable paralysie de son organe de règlement des différends (ORD) d’ici la fin de l’année, dans un entretien accordé à l’AFP.

« Le résultat, c’est qu’il n’y aura pas de juges suffisants pour que cette institution reste en activité après le 10 décembre », a-t-il expliqué en marge de la réunion annuelle de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), où s’est retrouvé le « groupe d’Ottawa » qui réunit depuis l’automne l’Union européenne et plusieurs pays qui planchent sur la réforme de l’Organisation mondiale du commerce depuis l’automne.

« Cela signifie qu’il y a une certaine urgence […] de réformer » l’ORD, a affirmé le ministre, face au risque que le mécanisme d’appel, clé de voute de l’OMC, se retrouve paralysé à la fin de l’année, les États-Unis bloquant la nomination de nouveaux juges.  

Cet organe de règlement des différends est chargé de trancher les conflits commerciaux, portant par exemple sur des subventions indues ou encore des barrières réglementaires injustifiées, ayant pour conséquence de restreindre l’accès au marché d’un ou plusieurs États membres.

L’OMC, comme quasiment toutes les institutions internationales, est vivement critiquée par le président américain Donald Trump, qui préfère de loin les confrontations bilatérales aux tractations multilatérales.

« Il s’agit de trouver une solution permanente qui donnerait satisfaction aux économies les plus importantes. Si nous n’y parvenons pas, le Canada est prêt à en chercher une qui soit temporaire », a expliqué M. Carr à l’OCDE.

« Nous sommes convaincus que cette institution est très importante pour le commerce international et pour la prospérité mondiale », a assuré le ministre après la troisième réunion du « groupe d’Ottawa » après celle de Davos (Suisse) en janvier et la première au Canada à la fin de l’année dernière.  

L’objectif du groupe est de trouver « un terrain d’entente » entre les pays membres et de présenter ensuite ses travaux aux États-Unis et à la Chine, les deux principales économies mondiales, engagées dans une guerre commerciale depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.  

« C’est difficile, mais je crois que rien n’est impossible », a affirmé M. Carr. Outre l’UE et le Canada, le groupe d’Ottawa réunit la Norvège, la Suisse, le Chili, le Mexique, le Brésil, la Corée du Sud, le Japon, le Kenya et Singapour.

Par ailleurs, le ministre a exprimé sa « satisfaction » après la décision de Donald Trump vendredi de lever des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium canadien et mexicain. « C’était un important obstacle à la ratification » du nouvel accord de libre-échange liant États-Unis, Canada et Mexique (AEUMC).  

Le parlement canadien ne dispose toutefois que de quatre semaines avant la fin de la législature pour le ratifier. « Nous pensons que cet accord est dans l’intérêt du Canada, des États-Unis et du Mexique », a expliqué M. Carr.  

« Il ne doit pas y avoir de retards qui ne soient pas nécessaires et nous allons agir aussi rapidement que nous le permet la procédure parlementaire », a-t-il ajouté.

Le nouvel accord liant États-Unis, Canada et Mexique avait été conclu le 30 septembre à l’issue d’âpres négociations, puis signé le 30 novembre. Mais le texte est toujours en attente d’une ratification dans les trois pays.  

En ce qui concerne le CETA, l’accord de libre-échange entre le Canada et l’UE, M. Carr a assuré que l’expérience était « positive », après l’entrée en vigueur il y a un an et demi de la quasi-totalité du texte, le reste devant encore être approuvé par différents parlements nationaux européens.  

Le ministre a notamment précisé que l’activité au port de Montréal avait augmenté de 9 %.