Malgré l’essor des pays émergents, l’Amérique et l’Europe demeurent les choix préférés des entreprises pour leurs investissements… et des riches qui s’y installent en nombre record.

La Chine, l’Inde et d’autres pays émergents ont beau enregistrer des croissances économiques remarquables depuis 20 ans, une réalité demeure : l’Amérique et l’Europe ont encore la cote.

Du moins auprès de ceux qui ont beaucoup d’argent, soit les grandes entreprises et les grandes fortunes de ce monde.

Dans une nouvelle étude, le cabinet en stratégie A.T. Kearney, de Chicago, remet les pendules à l’heure concernant l’attractivité des pays émergents. Premier constat : les États-Unis, l’Allemagne et le Canada sont dans l’ordre les pays les plus attirants pour les entreprises qui prévoient faire des investissements à l’étranger.

En fait, l’Europe et l’Amérique du Nord occupent les cinq premières positions du palmarès convoité d’A.T. Kearney. Et 22 des 25 premières places appartiennent aux pays développés, incluant le Japon et l’Australie dans le top 10.

« L’Allemagne reprend la deuxième position, tandis que le Canada glisse en troisième place », précise A.T. Kearney.

Chose surprenante, le Royaume-Uni garde sa quatrième place malgré les tensions toujours vives entourant le Brexit, tandis que la France – en dépit de ses gilets jaunes – se hisse en cinquième position.

Le classement du cabinet américain repose sur une enquête auprès de 500 dirigeants de grandes entreprises mondiales, réalisée en janvier. Ils ont été interrogés sur la probabilité de réaliser un investissement direct important au cours des trois prochaines années.

L’instabilité politique

Pour une septième année de suite, les États-Unis prennent la première place de ce classement. Une position liée à leur « vaste marché intérieur », leur « fiscalité compétitive » et leurs « capacités technologiques », soulignent les auteurs de l’étude.

Selon eux, les facteurs pris en compte cette année par les investisseurs incluent l’instabilité politique, la possibilité de crise économique et l’environnement commercial plus ou moins restrictif.

Dans ce contexte, le poids des marchés dits « développés » ne cesse d’augmenter dans ce palmarès. Leur présence dans le top 25 « dépasse tous les records », dit A.T. Kearney.

Pas moins de 14 des 25 premières places sont occupées par des pays européens et seuls trois pays émergents figurent dans ce groupe : la Chine, l’Inde et le Mexique.

Signe d’un changement de perception des gens d’affaires : la Chine, qui en 2012 occupait la première position, a été chassée de sa cinquième position par la France et glisse au septième rang.

Parmi les explications avancées pour la dégringolade chinoise, on note le « ralentissement de la demande intérieure », le « recul des exportations », les « inquiétudes croissantes sur le niveau d’endettement des entreprises » et « l’impact de la guerre commerciale avec les États-Unis ».

Les riches font leur valise

L’attrait des pays développés est aussi confirmé par le comportement des gens fortunés ces derniers temps.

Selon une étude exhaustive de la firme New World Wealth (NWW) de Johannesburg, en Afrique du Sud, les expatriations de millionnaires dans le monde ont augmenté de 14 % en un an et ont presque doublé depuis 2013.

L’année dernière, 108 000 millionnaires ont quitté leur patrie pour s’installer dans des pays jugés plus sûrs et plus attrayants. Un record.

Où vont-ils ?

Dans l’ordre, l’Australie (12 000), les États-Unis (10 000) et le Canada (4000) occupent le top 3. En Europe, outre la Suisse toujours populaire, l’Espagne, le Portugal et la Grèce grimpent les échelons et entrent dans le top 10.

Pourquoi des riches quittent-ils leur pays ?

Pour des raisons essentiellement vitales, telles que la criminalité, le mode de vie, la fiscalité, la qualité de l’enseignement et même la qualité de l’air.

Pas surprenant de lire dans ce rapport que la Chine et l’Inde, avec leurs graves problèmes de pollution, ont perdu l’an dernier quelque 15 000 et 5000 millionnaires respectivement. En revanche, souligne NWW, la création de nouveaux millionnaires dans ces deux pays en forte croissance économique dépasse le nombre de départs.

À noter que la Russie et la Turquie, deux pays dont l’image sur les plans politique et économique a beaucoup souffert ces dernières années, ont perdu environ 7000 et 4000 citoyens fortunés respectivement l’an dernier.