(Washington) Avec le retrait jeudi de la candidature de Stephen Moore à la Fed, Donald Trump a échoué à deux reprises à nommer de fidèles alliés au sein de l’instance dirigeante de la Banque centrale, qu’il accuse de torpiller son économie.

Le président des États-Unis a annoncé le retrait de Stephen Moore, qu’il avait pressenti pour siéger au poste de gouverneur de la Réserve fédérale, mais qui était depuis plusieurs jours sous le feu de vives critiques.

«Steve Moore, qui est un formidable économiste en faveur de la croissance et véritablement une bonne personne, a décidé de se retirer du processus de la Fed», a tweeté le milliardaire républicain.

Le matin même M. Moore, un commentateur économique conservateur de 59 ans volontiers provocateur, ancien conseiller de campagne de Donald Trump, assurait sur la chaîne Bloomberg News qu’il était toujours dans la course et avait le soutien de l’hôte de la Maison-Blanche. 

AFP

Herman Cain

C’est le second revers pour le président après le retrait la semaine dernière de Herman Cain, lui aussi pressenti pour l’un des deux sièges vacants de gouverneur.

Avec Stephen Moore et Herman Cain, un ancien prétendant à une primaire présidentielle républicaine dont la candidature fut torpillée par des allégations de harcèlement sexuel, Donald Trump entendait placer des francs supporters au sein du conseil des gouverneurs de la Fed, qui décide notamment de la politique monétaire.

Donald Trump reproche depuis des mois à la Banque centrale d’avoir relevé les taux d’intérêt à la fin de l’année, ce qui bride la croissance, selon lui, alors qu’approche l’année électorale de 2020.

Il a encore réclamé dans un tweet mardi une baisse d’un point de pourcentage des taux directeurs – quasiment la moitié de leur niveau actuel – pour doper la croissance, déjà de 3,2% au premier trimestre, alors que le Comité monétaire de la Fed était en train de décider de les maintenir en l’état.

Une baisse des taux de cet ordre est en général préconisée lorsque l’économie aborde une récession.

«Attaques incessantes»

Contributeur économique à des médias comme CNN, fréquent éditorialiste dans le Wall Street Journal, la cote de Stephen Moore a fortement dégringolé lorsqu’a resurgi une série de commentaires et d’articles désobligeants sur les femmes.

AP

Stephen Moore

En 2014 il avait rédigé une tribune dans laquelle il mettait en garde contre une rémunération supérieure des femmes par rapport aux hommes, estimant que cela pourrait avoir un impact négatif sur la «stabilité familiale».

En 2000, c’était les athlètes féminines qui, écrivait-il, ne méritaient pas d’être payées à l’égal des champions masculins.

Cette semaine encore, dans un entretien à la chaîne CNBC, il a jugé que «le plus gros problème économique des 25 dernières années était la rémunération des hommes, qui est sur le déclin» alors que celle des femmes «a augmenté».

Avant même que ces propos ne refassent surface, choquant des élus du Sénat y compris dans le camp républicain, la candidature de M. Moore soulevait déjà des objections pour des impayés d’impôts de 75 000 dollars.

Combatif, M. Moore a pressé ses critiques de prendre davantage en compte ses compétences économiques plutôt que des articles qu’il affirmait avoir oubliés ou mis sur le compte de l’humour.

Jeudi, dans sa lettre de retrait au président Trump, Stephen Moore écrit : «Les attaques incessantes sur ma personnalité sont devenues insupportables pour moi et ma famille et trois mois de plus de cet acabit serait trop dur pour nous».

Il promet toutefois de «continuer à soutenir d’une voix forte les politiques» du président républicain qui sont «un succès spectaculaire pour les travailleurs américains».

«D’abord Cain, maintenant Moore. Dieu merci aucun des deux n’ont été nommés», a lancé le leader des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, dans un communiqué. «Maintenant le président doit désigner deux candidats sérieux qui renforceront notre économie», a-t-il souhaité.