(Québec) L’appétit de la Ville de New York pour l’hydroélectricité québécoise pourrait contribuer à ressusciter Apuiat, ce projet éolien des Innus que le gouvernement caquiste avait torpillé l’an dernier.

Hydro-Québec pourrait en effet avoir besoin dans un avenir rapproché de l’électricité d’Apuiat, si le maire de New York, Bill de Blasio, concrétise son intention exprimée lundi d’alimenter sa métropole à 100 % avec de l’hydroélectricité canadienne d’ici à 2020.

La société d’État québécoise essaie actuellement d’écouler ses surplus d’énergie, estimés pour 2019 à 12,6 térawattheures (TWh), or ce juteux contrat d’approvisionnement en gestation avec New York pourrait solliciter jusqu’à 5 TWh par an.

Et si le projet d’entente d’approvisionnement de 9,45 TWh par an avec le Massachusetts aboutit, c’est alors que le parc éolien Apuiat, avec son potentiel de 200 mégawatts (MW), permettrait de sécuriser les approvisionnements.

En mêlée de presse mardi à Québec, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, a confirmé que le Québec allait « réactiver de manière intense » les négociations avec New York, en plus de rouvrir la porte aux Innus de la Côte-Nord.

« Pour nous, c’est clair que le prochain projet électrique de toute nature sera Apuiat, donc aussitôt qu’on aura la démonstration que nos surplus seront bien entamés, Apuiat aura lieu. »

Rappelons que le gouvernement Legault avait bloqué l’automne dernier le projet de 600 millions des Innus, qui avait pourtant reçu l’appui du précédent gouvernement libéral.

Le gouvernement caquiste faisait valoir qu’Hydro devait d’abord écouler ses surplus avant de s’engager à acheter l’électricité d’Apuiat, qui représentait un « coût potentiel » de 1,6 milliard pour la société d’État.

Le premier ministre François Legault avait toutefois fait valoir en consolation au Conseil de la Première Nation des Innus ESSIPIT que son projet serait réactivé en priorité dès qu’Hydro aurait écoulé ses surplus.

Cependant, ces nouveaux blocs d’énergie dont Hydro disposerait éventuellement aux fins d’exportation pourraient bien ne pas être aussi attrayants que l’espère la société d’État pour les clients potentiels. Le professeur Jean-Thomas Bernard, de l’Université d’Ottawa, qui est spécialiste en énergie, appelle à la prudence.

Par exemple, pour le complexe hydroélectrique La Romaine sur la Côte-Nord, qui n’est pas encore totalement complété, Hydro-Québec évalue le coût du kWh à 6 cents ou 6,5 cents, un prix encore concurrentiel, mais « de la nouvelle électricité au Québec à ce prix, il n’en existe plus, il faut être prudent dans les engagements à long terme », a-t-il expliqué dans une entrevue avec La Presse canadienne.

« On est en période de surplus et le meilleur prix que l’on peut obtenir (sur les marchés) est le prix standard, puisque les coûts sont déjà encourus. Mais pour des engagements de long terme où il faudrait développer (de nouveaux projets) afin de respecter ces contrats, il faut garder à l’esprit le coût de ces nouveaux développements. »