Le ministre de l’Économie a donné un aperçu des changements qu’il veut implanter chez Investissement Québec (IQ), qui ressemblera à la défunte Société générale de financement (SGF), du temps où elle était dirigée par l’homme d’affaires Claude Blanchet.

« La priorité sera désormais le développement économique et non le rendement pur », a dit Pierre Fitzgibbon dans une allocution hier midi devant le Conseil du patronat, qui fêtait ses 50 ans.

En tenant compte de la capacité d’emprunt non utilisée, des capitaux non investis et de l’ajout de 1 milliard du gouvernement dans son capital-actions, IQ dispose de 3 milliards de dollars pour réaliser son nouveau mandat.

« On veut qu’Investissement Québec comble les carences dans la chaîne des capitaux, qu’il joue un rôle de leader et de complément dans l’économie du Québec, a précisé le ministre. Ça veut dire réduire le risque avec du capital patient. Ça veut dire développer certaines filières stratégiques. Ça veut dire appuyer nos régions. »

En ce sens, IQ 2.0 ressemblera à la défunte SGF sous la direction de Claude Blanchet, de 1997 à 2003.

Ainsi, le bras investisseur du gouvernement cessera de concurrencer les banques, ce qu’il faisait avec ses programmes de prêts.

« Investissement Québec deviendra un accompagnateur pour les entreprises étrangères et québécoises qui ont des projets d’investissement importants. »

« Investissement Québec deviendra un guichet unique équipé pour jouer ce rôle afin que les entreprises obtiennent rapidement tous les permis pour réaliser leur projet. »

Les détails sur la nouvelle mission de l’organisme seront rendus publics dans quelques semaines, promet le ministre.

DOUBLER L’INVESTISSEMENT ÉTRANGER

Par ailleurs, le ministre a indiqué que son gouvernement veut doubler l’investissement direct étranger (IDE) dans la province, de 3,5 milliards à 7 milliards par année. Un objectif ambitieux, reconnaît-il.

« Je veux convaincre les filiales internationales déjà présentes sur le territoire de choisir le Québec pour leurs projets d’investissement futurs et en attirer d’autres, bien ciblés. » — Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie du Québec

De 2013 à 2018, les IDE ont diminué de plus de 35 %, passant de 5,4 à 3,5 milliards. Une tendance négative à laquelle le gouvernement provincial veut mettre fin.

« Le Québec est très attractif. Il faut maintenant plus vendre et mieux vendre. On mettra en place une équipe de développeurs qui sera plus agressive sur le terrain. On veut rehausser le statut d’IQ à l’international pour lui donner plus de moyens pour attirer ces investissements et supporter nos PME à l’exportation », a-t-il précisé.

Il a annoncé que les 125 employés du ministère des Relations internationales et de la Francophonie qui travaillent à l’international vont travailler main dans la main avec IQ à cette fin.

Québec remet de l’argent dans Orbite

Le gouvernement québécois remet 2 millions dans le promoteur d’une technologie de production d’alumine de haute pureté, placé à l’abri de ses créanciers depuis près de deux ans.

Le prêt est un financement intérimaire servant à mettre en place les correctifs essentiels au redémarrage de son usine d’alumine de haute pureté à Cap-Chat, lit-on dans le décret gouvernemental publié le mois dernier.

Orbite est une ancienne étoile filante de la Bourse qui a promis monts et merveilles à ses actionnaires avant de se placer à l’abri de ses créanciers le 3 avril 2017. À l’époque, le gouvernement du Québec avait englouti 22 millions dans la société : 15 millions dans le capital-actions, 5 millions en débentures et 2 millions en prêt du ministère de l’Économie. Le fédéral avait un prêt au solde de 4,56 millions. Au total, Orbite devait 43 millions à 300 créanciers, rappelait Le Soleil en octobre dernier.

La construction de l’usine gaspésienne a connu retards et dépassements de coûts qui se sont élevés à 130 millions, d’après Le Soleil.

« Pourquoi on investit ? », s’est demandé le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, en mêlée de presse hier. « C’est parce qu’un fournisseur a mis plus d’argent que nous. Quand on a un partenaire stratégique qui est prêt à remettre de l’argent, près de 8 ou 9 millions, et qui croit au projet, nous allons suivre. Nos 2 millions de dollars vont être bien positionnés. »

Partenariat stratégique

Dans les faits, le partenaire stratégique est la société finlandaise Outotec, qui avait fourni l’équipement de calcination défectueux. Orbite, d’ailleurs, considérait l’équipement problématique comme étant la cause principale de sa mise à l’abri de ses créanciers, en 2017. En échange de l’argent d’Outotec, Orbite a mis un terme à ses réclamations à l’endroit de son fournisseur.

Les prévisions de variation d’encaisse fournies par Orbite indiquent qu’elle aura brûlé les 2 millions du gouvernement d’ici la fin juin.

« Rien ne garantit que la Société réussisse ses efforts de restructuration ou qu’elle émerge de la protection de la LACC [Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies] », écrit Orbite dans toutes ses communications.