Postes Canada a déposé une offre « d'une durée limitée » dans l'espoir de mettre fin aux grèves tournantes, mercredi, mais le syndicat a parlé de « timides tentatives » pour répondre à ses principales priorités et a annoncé d'autres arrêts de travail pour jeudi, notamment à Montréal.

La société de la Couronne a présenté son offre mercredi, quelques heures après que le géant de la vente en ligne eBay eut demandé au gouvernement fédéral de légiférer pour mettre fin au conflit de travail, afin que les détaillants ne perdent pas de ventes lors du « vendredi fou », dans dix jours, et du « cyber lundi », trois jours plus tard.

« On ne savait pas que la lettre venait, sauf qu'on entend de la part de beaucoup de détaillants, de nos clients, qu'ils sont très inquiets par rapport à cette période des Fêtes qui arrive à grands pas. C'est pourquoi il est très important que l'on retourne aux opérations normales, et pourquoi nous avons présenté une offre d'une durée limitée », a expliqué la directrice des communications de Postes Canada, Aurélie Walsh.

Le contrat proposé, d'une valeur d'environ 650 millions selon Postes Canada, comprend des augmentations salariales de 2 % par année et une prime à la signature allant jusqu'à 1000 $ par employé. Il contient également de nouvelles dispositions de sécurité d'emploi, notamment pour les facteurs ruraux et suburbains qui ont dénoncé leur précarité, ainsi qu'un fonds de santé et sécurité de 10 millions.

L'employeur affirme que cette offre est « financièrement possible » à condition d'être adoptée à temps pour la période achalandée des Fêtes. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes a donc jusqu'à samedi pour se prononcer.

Mercredi soir, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a fait état de « quelques progrès ici et là », tout en ajoutant qu'il restait encore « beaucoup de chemin à parcourir ». « De toute évidence, les propositions de cette dernière offre ne peuvent constituer la base d'un règlement », a affirmé le syndicat par communiqué.

Le premier ministre Justin Trudeau a indiqué la semaine dernière que son gouvernement examinerait toutes les options pour mettre fin au conflit de travail si les négociations entre Postes Canada et le syndicat ne progressaient pas de manière significative. Un porte-parole de la ministre du Travail, Patty Hajdu, a repris cet avertissement, lundi.

Pendant ce temps, Postes Canada affirme qu'elle accuse un arriéré d'envois sans précédent, en grande partie à cause des grèves dans ses principales installations de tri - Vancouver, mais surtout Toronto. Le centre de tri Gateway, à Mississauga, traite à lui seul environ les deux tiers de tous les colis postés au Canada.

Un porte-parole de la société d'État a soutenu que plus de 260 remorques remplies de colis attendaient mercredi matin d'être déchargées au centre de tri Gateway - et ce nombre devrait augmenter rapidement, selon Postes Canada.

Dans une lettre à M. Trudeau rendue publique mercredi, la responsable des divisions canadienne et latino-américaine d'eBay a estimé que la poursuite des grèves tournantes à Postes Canada entraînerait des pertes considérables pour les petites et moyennes entreprises du pays. Alors que ces entreprises se sont adaptées de leur mieux aux grèves tournantes qui ont débuté le 22 octobre, Andrea Stairs a soutenu que les ajustements apportés par les détaillants jusqu'ici pour éviter des interruptions de livraison ne peuvent pas durer éternellement.

En 2011, le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait mis fin par une loi spéciale à un lockout décrété par Postes Canada deux semaines plus tôt.