Le prix du bitume tiré des sables bitumineux canadiens a tellement baissé que les producteurs perdent maintenant de l'argent sur chaque baril vendu sur le marché au comptant, calcule un analyste financier.

Les manchettes ont récemment insisté sur la baisse du prix du baril de Western Canada Select (WCS), un mélange de bitume lourd et collant et de pétrole léger, nécessaire pour le diluer afin qu'il puisse s'écouler dans un pipeline, a expliqué Matt Murphy, de la firme Tudor Pickering Holt & Co.

Le prix du baril de WCS est tombé à environ 19 $ US jeudi, soit environ 52 $ US en deçà du prix de référence des États-Unis, le West Texas Intermediate.

Le problème, poursuit M. Murphy, est que le condensat utilisé pour diluer le bitume se vendait environ 63 $ US le baril au même moment. Cela fait en sorte qu'en réalité, le bitume compris dans un baril de WCS coûtait entre 11 cents US et 28 cents US aux producteurs.

C'est la première fois que cela se produit, a précisé M. Murphy, ajoutant que le prix réel du bitume a toujours été positif, même au début de 2016, lorsque le prix du pétrole aux États-Unis était tombé sous la barre des 30 $ US le baril.

L'analyste croit toutefois que la situation négative des prix sera de courte durée, car la demande augmentera lorsque les raffineries américaines auront achevé leurs opérations de maintenance automnales et que la capacité accrue des transporteurs ferroviaires permettra de livrer les barils qui ne peuvent pas s'intégrer au réseau de pipelines canadiens.

Différents types de bitume nécessitent différentes quantités de diluant pour s'écouler dans un pipeline. Les projets miniers les plus récents, tels que celui de Fort Hills, du producteur Suncor Énergie, nécessitent de 10 % à 25 % de diluant, tandis que les projets où le bitume est extrait de puits à l'aide de vapeur en ont besoin de 30 % à 40 %.