Un groupe de défense des consommateurs exhorte le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) à enquêter sur les pratiques de vente des grandes entreprises de télécommunications au Canada.

Cette requête formelle provient du Centre pour la défense de l'intérêt public (CDIP), un organisme à but non lucratif établi à Ottawa qui s'en prend souvent aux fournisseurs de services de télécommunications.

Le directeur général du CDIP, John Lawford, a appelé le président du CRTC, Ian Scott, à se pencher sur de récents articles parus dans les médias qui rendent compte de pratiques de vente sous pression utilisées par au moins une entreprise.

M. Lawford souligne que ces «pratiques de vente agressives» semblent avoir ciblé les populations vulnérables, dont des personnes âgées, des époux en deuil ou des personnes malvoyantes.

Sa lettre fait référence à une enquête du réseau anglais de Radio-Canada, rendue publique en novembre, qui a commencé avec les allégations d'une employée de Bell Canada, Andrea Rizzo, qui disait subir des pressions pour effectuer une vente à chaque appel.

CBC a reçu ensuite des dizaines de courriels d'employés du géant des télécommunications qui déploraient les mêmes pratiques que celles dénoncées par Mme Rizzo, se disant stressés face à leurs objectifs de vente.

À ce moment, Bell Canada avait répondu à CBC que l'entreprise faisait sa place dans un domaine compétitif en desservant ses quelque 23 millions de clients. Un porte-parole a ajouté que les allégations des employés allaient «complètement à l'encontre» des valeurs et du code de conduite de l'entreprise.

Une porte-parole du CRTC a confirmé avoir reçu la lettre du Centre pour la défense de l'intérêt public, mais elle n'a pas fait d'autres commentaires.

La Presse canadienne a tenté de joindre Bell, Rogers et Telus pour obtenir leur réaction à la nouvelle, mais aucune de ces entreprises n'avait répondu au moment d'écrire ces lignes.

M. Lawford, dont l'organisation défend les consommateurs sur plusieurs enjeux, a reconnu en entrevue que les allégations contre Bell n'avaient pas été prouvées devant les tribunaux, mais selon lui, il est important que le CRTC se prononce.

«De façon anecdotique, nous avons reçu des plaintes de clients qui disent que cela arrive avec d'autres entreprises», a-t-il soutenu.

Il croit qu'une enquête du CRTC permettrait d'établir un forum transparent pour entendre les allégations, et l'autre côté de la médaille.

«Et (le CRTC) a le pouvoir, dans ses statuts, de faire des choses comme cela. Et il l'a fait auparavant», a-t-il indiqué.

M. Lawford a cité en exemple le code de conduite des fournisseurs de services sans fil qui est entré en vigueur le 1er décembre après des mois de consultations par le CRTC.