Alors que l'économie tourne presque à son plus potentiel, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a estimé jeudi que les taux d'intérêt seraient probablement déjà plus élevés si la banque centrale avait adopté une approche plus mécanique pour sa politique monétaire.

Mais dans un discours prononcé jeudi, M. Poloz a expliqué que la banque centrale étudiait certains facteurs «inhabituels» qui semblent être à l'oeuvre - incluant des signes encourageants de la part des entreprises, qui commencent à accroître leur capacité en investissant dans du matériel et en embauchant davantage de personnes.

Dans le texte préparé du discours qu'il devait prononcer devant un auditoire du Canadian Club Toronto, le gouverneur a souligné que les salaires avaient progressé et que le taux d'activité des jeunes avait rebondi.

«Compte tenu du caractère inhabituel des facteurs à l'oeuvre, la Banque suit ces risques en temps réel - une approche que nous qualifions de »dépendante des données« par opposition à une méthode mécanique de conduite de la politique monétaire», est-il écrit dans le texte du discours.

Selon M. Poloz, le conseil de direction de la banque centrale juge que le marché du travail a encore suffisamment d'espace pour croître avant que cela ne fasse grimper l'inflation. Ce facteur pourrait contrebalancer la pression à la hausse d'une économie qui tourne à un niveau proche de sa capacité et dont le taux de croissance devrait rester supérieur à celui de la production potentielle.

Cependant, il a reconnu que le taux d'intérêt directeur actuel de la banque centrale, à 1,0 pour cent, restait, «sans conteste, très expansionniste».

«Étant donné que l'économie fonctionne presque à son plein potentiel, une approche mécanique voudrait que la détente monétaire soit déjà moins prononcée», a estimé M. Poloz.

La banque centrale a haussé son taux directeur à deux reprises cette année, en raison de la vigueur de l'économie - une fois en juillet et une autre en septembre.

Mais depuis, M. Poloz a laissé ce taux inchangé, notamment la semaine dernière, ce qu'il a expliqué par l'incertitude au sujet du commerce et la faiblesse, plus importante que prévu, des exportations.

Malgré tout, il continue à avertir que des hausses de taux d'intérêt seront vraisemblablement requises avec le temps, même si la banque a l'intention de faire preuve de prudence en se concentrant sur les données économiques à venir.

Le thème principal du discours de M. Poloz s'attardait à trois «enjeux lancinants et évoluant à pas de tortue» qui l'empêchent de dormir la nuit. Il les a décrits comme des inquiétudes qui sont un peu différentes des «risques plus pressants et immédiats».

Sur cette liste d'enjeux se trouvaient les niveaux élevés d'endettement des ménages, les cybermenaces et les sous-emplois des jeunes sur le marché du travail.

«J'espère qu'en vous exposant mes préoccupations, je n'ai pas cassé l'ambiance festive qui règne à l'approche des Fêtes», a-t-il indiqué.

«Si c'est le cas, permettez-moi de rappeler que l'économie a fait des progrès remarquables durant cette année qui s'achève et qu'elle est en passe d'atteindre son plein potentiel. Nous sommes très encouragés par ce constat, et nous sommes de plus en plus convaincus que l'économie aura besoin d'un degré moindre de détente monétaire avec le temps.»