D'autres journaux canadiens cesseront leurs activités dans les quelques prochaines années, mais les journaux imprimés existeront encore dans dix ans, a soutenu, mardi, en entrevue, le chef de la direction de Postmedia, Paul Godfrey.

La semaine dernière, Postmedia et Torstar ont annoncé qu'elles s'échangeaient 41 journaux et fermeraient 36 d'entre eux, particulièrement dans des régions de l'Ontario desservies par de multiples publications, entraînant la perte de près de 300 emplois.

L'entente a été condamnée par des syndicats de médias et des professeurs en journalisme, et la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a écrit sur Twitter que la vente de ces journaux et l'annonce de fermetures le même jour étaient «décevantes». En anglais, elle avait même parlé d'une décision «cynique».

Les commentaires de la ministre sont «regrettables», a dit M. Godfrey, disant croire qu'il s'agissait d'un sauvetage nécessaire.

Selon le chef de la direction de Postmedia, il n'y a tout simplement pas suffisamment de revenus publicitaires pour soutenir des journaux rivaux dans certaines de ces communautés. M. Godfrey a soutenu que sans la transaction, tous auraient cessé leurs activités «éventuellement», plutôt que seulement «certains d'entre eux».

Il ne croit pas que Torstar sort gagnante de la transaction, même si l'entreprise garde ouverts quatre des sept petits quotidiens qu'elle a achetés de Postmedia, qui elle, ferme presque tous les journaux communautaires qu'elle a acquis de Torstar.

Les entreprises ont été bien prudentes de ne pas discuter de ce qu'elles allaient faire de leurs acquisitions, a indiqué M. Godfrey.

«Le fait est que la collusion n'est tout simplement pas légale, alors nous avons fait très, très attention de ne pas nous parler du résultat final», a-t-il déclaré.

Le Bureau de la concurrence a indiqué qu'il allait examiner la transaction, sans donner de détails sur le processus pour des raisons de confidentialité.

M. Godfrey a indiqué que les économies et les améliorations en matière d'efficacité engendrées par les fermetures élargiront la «trajectoire» dont Postmedia a besoin pour se transformer sainement en tant qu'organisation de nouvelles numériques.

Il applaudit le gouvernement du Québec quant à sa décision de dépenser environ 36 millions pour aider les médias écrits dans la province, dont environ 19 millions serviront à leur virage numérique, ajoutant qu'une aide similaire serait nécessaire de la part du gouvernement fédéral.

Plus tôt cette année, un rapport du Forum des politiques publiques a appelé le gouvernement à imposer une taxe de vente aux entreprises étrangères qui vendent des abonnements électroniques au Canada et à constituer un fonds de 400 millions pour aider à financer les médias d'information.

En juin, le comité du patrimoine canadien de la Chambre des communes avait également fait des recommandations pour sauver l'industrie, dont l'idée d'accorder un crédit d'impôt pour dédommager les médias écrits dans leurs investissements numériques.

Mais en septembre, la ministre Joly avait dévoilé sa stratégie culturelle qui a été critiquée pour son manque de mesures venant en aide aux médias écrits.

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Torstar détient un investissement dans La Presse canadienne dans le cadre d'une entente conclue conjointement avec une filiale du Globe and Mail et la société mère du quotidien La Presse.