L'économie américaine a enregistré une solide croissance de 3,3% au troisième trimestre, répondant aux ambitions de Donald Trump, mais ce chiffre doit encore se confirmer face aux intentions de resserrement monétaire de la Banque centrale (Fed).

Malgré le passage des ouragans Harvey et Irma fin août et début septembre au Texas, en Louisiane et en Floride, l'expansion du Produit intérieur brut (PIB) des États-Unis s'est établie à 3,3% en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières entre juillet et septembre.

Alors que la croissance était déjà de 3,1% au deuxième trimestre, ces nouveaux chiffres semblent donner raison au président américain qui martèle que l'embellie économique est réelle depuis son arrivée à la Maison-Blanche.

L'administration Trump, qui fonde sa politique économique sur des projets de réductions d'impôts notamment pour les entreprises et de vastes mesures de dérégulation, affirme en outre que la croissance de la première économie mondiale peut s'installer durablement au-dessus de 3%.

«L'économie est en pleine expansion!», s'est réjoui le président américain dans un tweet mercredi.

«C'est la plus forte hausse depuis des années», a-t-il déclaré plus tard lors d'un discours dans le Missouri. Sans l'impact des ouragans, la croissance du PIB aurait augmenté de 4%, «peut-être même plus», a-t-il ajouté.

«La Bourse est à un nouveau pic, le chômage à un plus bas. Nous sommes en train de gagner et les réductions d'impôts vont faire passer notre économie à la vitesse supérieure!», a-t-il également estimé dans un tweet.

Surchauffe ?

Au troisième trimestre, la croissance a été notamment portée par la consommation des ménages, traditionnel moteur de croissance aux États-Unis, jugée «solide», par les économistes de Barclays, à 2,3%.

Les Américains ont notamment acheté davantage de biens durables (+8,1%) comme de l'électroménager et des voitures dont la demande a été particulièrement soutenue dans les États touchés par les tempêtes qui ont envoyé à la casse des milliers de voitures.

Les chiffres du troisième trimestre semblent donner raison à la présidente de la Banque centrale, Janet Yellen, qui estime que l'expansion économique «s'étend de plus en plus à tous les secteurs», ont commenté de leur côté les économistes de RDQ.

«Je m'attends à ce que (...) l'économie continue son expansion et que le marché du travail se renforce quelque peu soutenant une croissance plus rapide des revenus et des salaires», a déclaré Janet Yellen mercredi lors d'une audition devant le Congrès.

Alors que les économistes s'attendent à un relèvement des taux d'intérêt en décembre, elle a souligné que la Fed ne voulait «pas brider la croissance» ni «créer les conditions d'un cycle d'expansion et de récession».

Plaidant pour un relèvement progressif des taux, elle a averti que «si on laisse l'économie surchauffer, on pourrait entrer dans une situation où il nous faudrait rapidement relever les taux et plonger l'économie dans une récession».

Elle a aussi invité le Congrès à «envisager des politiques encourageant les investissements des entreprises, la formation du capital, l'amélioration des infrastructures de la nation, l'amélioration de la qualité de notre système éducatif et soutenant l'innovation et l'adoption des nouvelles technologies», a énuméré la responsable qui doit céder son poste à Jerome Powell en février.

Inégalités

Bien que la croissance soit au-dessus de la marque des 3% depuis deux trimestres d'affilée, elle était de seulement 1,2% au premier trimestre. Et pour l'ensemble de l'année 2017, la Fed table sur une hausse de l'ordre de 2,5% tandis que le Fonds monétaire international anticipe une croissance de 2,2%.

Depuis la crise financière de 2008-2009 et la récession qui s'en est suivie, la croissance des États-Unis n'a pas dépassé en moyenne 2% annuels.

La publication de ces chiffres intervient par ailleurs au moment où les républicains s'efforcent de faire passer leur vaste réforme fiscale au Congrès.

«Pour atteindre un avenir brillant et lumineux, le Sénat doit passer ces réductions d'impôts», a martelé mercredi Donald Trump. «Le coeur de notre plan est la réduction d'impôts pour les familles qui travaillent», a-t-il ajouté.

Promesse de campagne envers «la classe moyenne», cette réforme est mise en avant par l'exécutif comme outil incontournable vers une croissance plus robuste, mais dénoncée par les démocrates comme ne favorisant que les plus riches.

«Je suis très inquiète (...) des tendances qui pourraient creuser les inégalités. Et l'égalité du code des impôts doit en tenir compte», a estimé à ce propos Mme Yellen, qui a aussi mis en garde contre les effets sur le creusement de la dette du pays.