Après avoir étudié quelques sites à Montréal, Molson Coors a finalement décidé que c'est Longueuil qui proposait l'emplacement le plus avantageux pour la construction de son futur complexe brassicole.

Le brasseur, qui avait déjà renoncé à la modernisation de ses installations montréalaises de la rue Notre-Dame Est, dont une partie est ouverte depuis 1786, a annoncé à ses employés, mercredi, qu'une offre d'achat avait été déposée.

«Ce nouvel emplacement, situé à moins de 10 kilomètres de la brasserie actuelle, représente le futur de l'entreprise; il offrira un environnement de travail de classe mondiale», a expliqué le président de la division canadienne, Fred Landtmeters, dans une note interne que La Presse canadienne a pu consulter.

Le prix de l'offre pour le terrain situé dans l'arrondissement de Saint-Hubert, à proximité de l'Agence spatiale canadienne et de l'aéroport de Saint-Hubert, n'a pas été dévoilé. Cette proposition sera présentée au conseil municipal de Longueuil le 5 décembre.

Le brasseur établi à Montréal et Denver disposera également d'une fenêtre de 60 jours pour s'assurer que l'endroit répond à l'ensemble de ses exigences.

«Nous avons discuté avec Montréal pendant deux ans, a expliqué le directeur des affaires corporatives (Québec et Atlantique) chez Molson Coors, François Lefebvre, au cours d'un entretien téléphonique. Malheureusement, il n'y avait pas de terrain qui répondait à nos exigences.»

Celui-ci n'a pas voulu dire quels sites avaient été évalués.

Molson avait confirmé en juillet qu'elle allait construire une nouvelle brasserie, ce qui pourrait constituer un investissement de 500 millions $, sans toutefois dévoiler le site du futur complexe.

M. Lefebvre estime que le terrain à Longueuil, situé près des autoroutes 20 et 30 et à proximité d'importantes sources d'approvisionnement en eau potable, permettra à la multinationale de bâtir une brasserie digne du «21e siècle» qui devrait ouvrir ses portes en 2021.

L'endroit bénéficie également d'allègements fiscaux pendant cinq ans dans le cadre des incitatifs offerts dans le but de développer la zone aéroportuaire de Longueuil.

«Cette décision d'investissement démontre hors de tout doute que Longueuil est un partenaire de premier choix pour une entreprise aussi prestigieuse que Molson et témoigne du dynamisme économique de notre ville», s'est réjouie la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, dans un communiqué.

Molson compte quelque 1000 travailleurs - dont 700 sont syndiqués - répartis dans la brasserie et le centre de distribution, sur la rue Dickson.

À l'autre bout du spectre, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a accueilli «avec regret» la décision du brasseur, qui, selon elle, avait tranché avant que ne puisse être étudiée une «offre bonifiée», dont le contenu n'a pas été précisé.

«J'ai dû prendre acte de cette décision, a-t-elle dit au cours d'une mêlée de presse, se gardant de lancer la pierre à l'administration précédente. Évidemment, j'aurais souhaité avoir eu le temps de faire une contre-proposition.»

Mme Plante a surtout tenté de regarder vers l'avant, soulignant à plus d'une reprise que Molson s'était engagée à demeurer dans la métropole.

La multinationale a toujours dit vouloir conserver des activités de microbrasserie et de ventes à son site historique près du Vieux-Montréal. Le reste de l'installation serait vendu pour être redéveloppé sous l'égide de la Ville.

«Ce que l'on souhaite faire ensemble, c'est de travailler pour développer le site, a lancé la mairesse. Un élément qui me tient particulièrement à coeur, c'est l'accès au fleuve (Saint-Laurent). C'est une occasion en or pour s'assurer que les Montréalais puissent accéder (au) fleuve.»

Du côté syndical, on accueille favorablement un déménagement à proximité des installations de la rue Notre-Dame, mais on s'inquiète car on ignore toujours quelle sera la principale vocation de la prochaine brasserie.

«Nous n'avons pas eu plus de détails sur le type et le volume de production, s'est désolé le président du syndicat à Montréal, Éric Picotte, au cours d'une entrevue téléphonique. Pour les travailleurs, il y a toujours de l'incertitude.»

Au cours des six dernières années, Molson Coors a entamé un virage plus prononcé vers la production de canettes au détriment de la bière en bouteille, ce qui s'est traduit par la perte de plus de 100 postes, estime M. Picotte.