Dans le but de stimuler le secteur des technologies financières (fintech) et celui de l'intelligence artificielle appliquée à la finance, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et le Mouvement Desjardins s'allient pour créer un fonds de 50 millions de dollars.

La taille de ce fonds, annoncé mardi dans le cadre du Forum Fintech à Montréal, pourrait atteindre 75 millions puisque d'autres investisseurs institutionnels sont intéressés à contribuer à cette première ronde de financement.

Les investissements, qui s'effectueront en capital-actions, cibleront les entreprises qui développent des technologies entourant les investissements, le paiement et l'analyse de données, notamment.

«L'innovation ne peut pas seulement se faire de l'interne, a expliqué le chef des technologies de l'information à la CDPQ, Pierre Miron, au cours d'un entretien téléphonique. Il y avait une nécessité pour que chacune des institutions financières puisse s'associer avec des joueurs de cette industrie.»

Les fintechs proposent une série d'applications ou de technologies comme le paiement mobile, de produits connectés permettant aux utilisateurs d'obtenir des rabais sur divers produits d'assurance ainsi que des conseils d'investissement en ligne.

Selon M. Miron, l'écosystème québécois est encore au «début de son développement» et le fonds pourrait venir accélérer l'arrivée de nouveaux joueurs en plus d'aider le Québec à «prendre sa place».

Cette annonce survient alors que le secteur québécois de l'intelligence artificielle dans son ensemble a été endossé par des géants comme Google, Microsoft et Facebook au cours des derniers mois.

Pour le président et chef de la direction de Desjardins, Guy Cormier, ce nouveau fonds viendra rapprocher les fintechs des institutions financières après quelques années où les deux parties ont appris à s'apprivoiser.

«Souvent, ces entreprises ont des bonnes idées, mais ont besoin de capital de démarrage, a-t-il expliqué en marge d'une allocution prononcée dans le cadre du forum. Nous voulons être en mesure de les financer (même si elles n'ont pas encore de clients).»

En s'impliquant sous forme de capital-actions, cela ne signifie pas pour autant que Desjardins aura le droit d'être le premier utilisateur des technologies développées.

M. Cormier a affirmé que l'initiative visait à aider des entreprises à prendre leur place et que Desjardins souhaitait «donner un élan» aux entreprises de ce secteur.

«C'est vraiment une volonté de vouloir faire grandir l'écosystème des fintechs, a-t-il affirmé. Nous voulons construire quelque chose. Si l'on constate qu'une technologie pourrait servir nos membres, il se pourrait qu'il y ait une transaction plus commerciale.»

La CDPQ et Desjardins s'affairent actuellement à recruter un gestionnaire - qui ne proviendra pas de la coopérative financière - qui sera à la tête du fonds, a précisé M. Cormier.

Aucun investissement ne devrait être annoncé prochainement, a expliqué le grand patron de la coopérative financière, puisque les deux partenaires veulent laisser le gestionnaire «prendre sa place».

«Il n'y pas encore de projets concrets, a dit M. Cormier. J'espère par contre que nous pourrons en faire en 2018.»