Deux têtes d'affiche de la techno montréalaise, Dan Robichaud et Marc-Antoine Ross, prendront les rênes d'un tout nouvel incubateur, Diagram. Les deux entrepreneurs, qui ont notamment fait fortune avec le gestionnaire de mots de passe PasswordBox, occuperont respectivement les postes d'associé principal et de chef de l'innovation.

Diagram Ventures est décrit comme une « plateforme de lancement d'entreprises canadiennes ambitieuses » alliant les finances et la technologie, dotée d'un fonds de 30 millions. Ses principaux investisseurs sont des filiales de Power Corporation, propriétaire de La Presse, auxquelles se sont joints une cinquantaine de plus petits investisseurs. On recherche des entreprises en démarrage dans les domaines de l'assurance, des services financiers et des soins de santé.

Les deux premiers investissements ont été faits dans la montréalaise Dialogue, une plateforme facilitant les soins de santé aux employés, et Collage, de Toronto, un gestionnaire de ressources humaines et d'assurances collectives pour PME.

Deux autres entreprises ont été recrutées en août dernier, précise en entrevue François Lafortune, fondateur et PDG de Diagram. « Elles sont en rodage, on n'est pas prêts à l'annoncer publiquement. » Deux autres devraient être intégrées à Diagram dans les prochains mois, mais pas plus : cette plateforme entend investir dans un nombre limité d'entreprises tout en leur assurant un encadrement important.

ÉVITER L'INVASION

Pour Dan Robichaud, le secteur alliant finances et technologie (fintech) est le prochain eldorado de l'industrie. « Ma première ambition, c'est de bâtir des géants canadiens qui vont avoir un impact global, qui vont créer de la recherche et des emplois au Canada. Dans 10 ans, je veux être fier et dire que j'ai aidé à bâtir des compagnies canadiennes qui ont plusieurs milliards de revenus et un impact positif dans le monde. »

M. Robichaud connaissait Diagram depuis sa fondation, puisqu'il en était un des 50 anges investisseurs. « La seule place où je pense avoir le pouvoir de mes ambitions, c'est chez Diagram », dit-il.

Ce n'est pas un hasard si le secteur financier n'a pas encore vécu de chamboulements majeurs, explique-t-il. « Il s'agit d'un domaine très complexe. Les industries faciles à transformer l'ont déjà été, avec, par exemple, Amazon et Expedia. Là, on entre dans une vague d'industries plus difficiles où ça prend plus d'expertise et de capitaux. »

Or, si le Canada ne dispose pas de ses propres innovations, il sera balayé par des entreprises étrangères, notamment américaines, prévient-il. « On est dans un moment unique dans le temps où ces industries sont en profonde mutation, et il y a un risque de laisser les joueurs américains prendre toute la place. »

Photo Martin Chamberland, archives La Presse

Daniel Robichaud