La présidente de la Réserve fédérale américaine Janet Yellen, dont le mandat arrive à terme dans six mois, a affirmé mercredi que la Fed maintiendrait le cap d'une hausse graduelle des taux d'intérêt, alors que la croissance des États-Unis semble rebondir au 2e trimestre.

Lors de son audition biannuelle devant une commission de la Chambre des représentants, qu'elle poursuit jeudi au Sénat, Mme Yellen a ajouté que «les possibles changements» prévus par la politique économique de Donald Trump représentaient «une source d'incertitude».

Interrogée plusieurs fois sur sa succession, alors que son mandat prend fin en février 2018, Mme Yellen, 70 ans, une démocrate et première femme à diriger la puissante banque centrale, a assuré n'y avoir «pas réfléchi plus avant». «Cela n'a pas encore été évoqué (...) C'est certainement quelque chose dont je discuterai avec le président», a-t-elle dit.

Des informations de presse ont affirmé mercredi que Gary Cohn, 56 ans, l'ancien numéro 2 de la banque d'affaires Goldman Sachs, principal conseiller économique du président Trump, était déjà sur les rangs et favori de la Maison-Blanche.

La patronne de la Fed a par ailleurs dressé un tableau plutôt optimiste de la première économie mondiale qui devrait «continuer à croître à un rythme modéré au cours des deux prochaines années».

Elle a affirmé qu'à terme, le niveau des taux d'intérêt, actuellement entre 1% et 1,25%, ne devrait «pas être beaucoup plus élevé».

Elle a salué «le renforcement de la croissance économique à l'étranger» qui soutient notamment la production manufacturière américaine et les exportations.

«L'économie mondiale s'est reprise. Cela a été une source de faiblesse avant d'être une source d'appui», a-t-elle signalé.

Après un premier trimestre où l'expansion n'a atteint «que» 1,4% en rythme annuel, «la croissance semble avoir rebondi» au 2e trimestre, soutenue par les dépenses de consommation, le moral des ménages et les gains d'emplois, a-t-elle souligné.

On connaîtra la première estimation du Produit intérieur brut (PIB) américain le 28 juillet.

La présidente de la banque centrale n'est pas apparue inquiète du ralentissement récent de l'inflation (1,4%, selon l'indice PCE), citant des facteurs «provisoires» dus «à des réductions inhabituelles de prix de certains produits».

La Fed vise un objectif de 2% d'inflation qu'elle estime sain pour l'économie.

Incertitudes considérables

Des incertitudes «considérables» pèsent toutefois sur les perspectives économiques. Parmi elles, outre l'évolution des prix qui sera «surveillée de près», figurent «les possibles changements dans les politiques budgétaires et autres du gouvernement».

L'administration Trump entend réformer les impôts et investir massivement dans les infrastructures, mais ces projets n'ont guère avancé au Congrès. Elle renégocie également les accords commerciaux américains et veut abattre de nombreuses règlementations, notamment financières.

Sans donner de date et alors que la prochaine réunion du Comité monétaire de la Fed est prévue les 25 et 26 juillet, Mme Yellen a confirmé l'intention de la banque centrale de réduire progressivement le volume des actifs à son bilan.

Ces bons du Trésor et autres titres ont été acquis dans le cadre de sa politique d'assouplissement quantitatif (QE) pour soutenir la reprise après la crise de 2008-2009.

Son bilan s'est gonflé jusqu'à atteindre le montant inédit de 4500 milliards de dollars. Cette réduction du volume des actifs, qui peut avoir le même effet de resserrement de la politique monétaire qu'une hausse des taux au jour le jour, sera «progressive».

La Fed ne veut pas utiliser ce processus comme «un outil actif» de politique monétaire et Mme Yellen a affirmé que la décision n'avait pas été prise de savoir si les deux outils -réduction du bilan et hausse des taux- seraient utilisés en même temps.

Les marchés financiers s'attendent à ce que la Fed commence ce processus de diminution de ses actifs en septembre et qu'elle relève modestement les taux en décembre, pour la 3e fois cette année.

La présidente de la Fed a aussi défendu la façon de la banque centrale de déterminer la politique monétaire alors que des républicains au Congrès veulent imposer l'adoption d'une règle prévisible et mathématique pour fixer les taux.

«Je ne crois pas que le Comité monétaire devrait suivre une règle unique et simple», a affirmé Mme Yellen.