Marc Parent n'est pas un fanatique des relations publiques. Mais quand le PDG de CAE, le fabricant montréalais de simulateurs de vol et spécialiste mondial de la formation de pilotes dans les secteurs de l'aviation civile et militaire, tient à rencontrer un journaliste, c'est qu'il a une histoire à raconter.

Hier, au Salon du Bourget, Marc Parent m'a résumé les plus récentes transformations vécues par son entreprise et les conséquences assez foudroyantes qu'elles ont sur la poursuite de ses activités.

CAE fête cette année ses 70 ans d'existence ; 70 années marquées par la poursuite constante et incessante de l'innovation.

Il y a 15 ans, CAE réalisait 80 % de son chiffre d'affaires avec ses activités manufacturières de développement et de fabrication de simulateurs de vol.

Leader mondial incontesté des simulateurs, avec une part de marché actuelle de plus de 70 %, CAE s'est néanmoins métamorphosée au cours des dernières années pour devenir le chef de file mondial de la formation de pilotes de ligne et militaires.

« C'est une transformation qui s'est faite progressivement. Mais il y a trois ans, on s'est posé la question "C'est quoi, le grand vecteur de croissance ?" et on a identifié que c'est le marché de la formation qui est le plus porteur. » - Marc Parent, président et chef de la direction de CAE

DES RÉSULTATS PROBANTS

Les activités de formation de pilotes génèrent aujourd'hui 60 % du chiffre d'affaires annuel de 2,75 milliards de CAE contre 20 % il y a 15 ans.

CAE s'est hissée au premier rang mondial des entreprises de formation de pilotes avec seulement 25 % du marché.

« On est le premier au monde et on est deux fois plus gros que notre plus proche concurrent. Près de 75 % du marché de la formation est encore contrôlé par les compagnies aériennes, qui comprennent toutefois les avantages de sous-traiter cette activité.

« On vient de décrocher le contrat de formation des pilotes de Japan Airlines, une entreprise-phare dans le domaine de l'aviation. On peut, à partir de nos centres conjoints de Tokyo et en Corée, assurer la formation de milliers de pilotes en Asie », expose le PDG.

CAE rend publique aujourd'hui une étude des besoins mondiaux de l'industrie pour les 10 prochaines années qui nous apprend que la demande de nouveaux pilotes va exploser en raison de la croissance du marché, mais aussi d'un nombre important de départs à la retraite.

« On forme déjà 120 000 pilotes par année, qui rentrent sur le marché ou doivent suivre des perfectionnements cycliques. À cela vont s'ajouter 255 000 nouveaux pilotes qu'il va falloir former, partout dans le monde. C'est un marché qui croît sans arrêt. »

- Marc Parent, président et chef de la direction de CAE

EN FORTE CROISSANCE

Toujours est-il que le pari qu'a pris CAE il y a trois ans s'avère payant. Les activités manufacturières de conception, développement et fabrication de simulateurs n'ont jamais diminué avec le temps. À son dernier exercice, CAE a livré un nombre record de 50 simulateurs.

« Mais on est devenus notre principal client. On a 70 centres de formation dans le monde qui utilisent 270 de nos simulateurs. On va devoir en développer davantage pour répondre à nos besoins », expose le PDG.

Pendant des années, CAE a évolué de façon cyclique. Son activité manufacturière était dictée par la demande des transporteurs. En misant sur la formation, l'entreprise montréalaise assure ses arrières.

« On a présentement 3500 employés à Montréal, c'est un record historique. Avant, on devait conjuguer avec les aléas du marché. Là, on a 330 postes à combler juste à Montréal et 700 à l'échelle mondiale.

« À Montréal, ce sont des postes d'ingénieur en aéronautique et en logiciels. Ce sont des emplois spécialisés dont on dépend pour assurer notre croissance dans le secteur de la formation », insiste le PDG.

CAE a terminé son dernier exercice avec un carnet de commandes de 7,5 milliards, du jamais-vu dans son histoire. Certains pensent qu'on est rendu vieux à 70 ans. Or, jamais CAE n'a affiché une telle vigueur de toute son histoire.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Parent, président et chef de la direction de CAE