Le président sortant du CRTC Jean-Pierre Blais estime que l'organisme réglementaire devra « peut-être intervenir » en réglementant les prix de la téléphonie sans-fil au pays si les prix actuels restent aussi élevés en raison du manque de concurrence.

Dans son dernier discours comme président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), Jean-Pierre Blais estime qu'à «moins de changements, le CRTC devra intervenir pour accroître la concurrence dans le secteur du sans-fil ». « Jusqu'à ce que la situation actuelle évolue, si jamais c'est le cas, le Canada sera toujours aux prises avec un problème de prix élevés pour le sans-fil au détail », a dit M. Blais ce matin lors d'un discours au Festival mondial des médias de Banff.

Il donne trois moyens d'interventions que le CRTC devra « peut-être » utiliser. « Le premier viserait à réglementer les prix de détail [du sans-fil], quoique nous préférerions nettement voir une concurrence accrue entre les fournisseurs qui permettrait de proposer de meilleurs choix aux consommateurs », dit M. Blais. L'organisme réglementaire pourrait aussi rendre obligatoire l'accès aux réseaux pour les entreprises de réseaux mobiles virtuels, et aussi examiner les effets de la concurrence du partage des réseaux entre les fournisseurs dotés d'installations.  

« L'avenir passe par le web, ça devient extrêmement important, ça devient une plateforme de libre circulation des idées et des contenus, aux États-Unis, la personne nommée par M. Trump [à la tête de la Federal Communications Commission, Ajit Pai] semble vouloir aller dans une toute autre direction. C'est important de réaffirmer l'importance de ce principe-là au Canada », dit Jean-Pierre Blais en entrevue à La Presse pour la fin de son mandat (qui se termine samedi prochain) à la présidence du CRTC.

« Quand tu commences à avoir des grandes entreprises qui commencent à décider ce qu'on peut lire, ce qu'on veut voir, la société est beaucoup plus faible », dit M. Blais.

Au cours de son mandat, le CRTC a rendu plusieurs décisions affirmant la neutralité du web et du mobile. L'organisme réglementaire a décidé que Bell et Vidéotron devaient cesser d'exempter leurs propres services télé mobiles des frais d'utilisation de données, ce qui constitue une préférence indue interdite par la loi. En 2017, le CRTC a aussi ordonné à Vidéotron de cesser ces pratiques avec son service Musique illimitée.

Le mandat de cinq ans de Jean-Pierre Blais à la tête du CRTC se termine samedi. « Je n'ai pas fait de demande pour être renouvelé, largement parce que je trouvais que j'avais accompli ce que je voulais faire », dit ce haut fonctionnaire fédéral de carrière.