La croissance de l'économie canadienne s'est accélérée au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) progressant de 0,9% par rapport au quatrième trimestre et de 3,7% en rythme annualisé, a annoncé mercredi Statistique Canada.

En comparaison, le PIB avait progressé de 0,7% au quatrième trimestre par rapport à la période de trois mois précédente.

La croissance en rythme annualisé au premier trimestre a été conforme à la prévision moyenne des analystes. En comparaison, le PIB réel des États-Unis a augmenté de 1,2% au premier trimestre en rythme annualisé, a indiqué Statistique Canada.

L'institut a également révisé à la hausse la croissance annualisée du PIB aux troisième et quatrième trimestre de 2016, à respectivement 4,2% et 2,7%.

Cette accélération de la croissance devrait amener la Banque du Canada à resserrer sa politique monétaire au début 2018, selon la plupart des économistes.

Pour contrer le ralentissement économique après la chute des prix du pétrole, la Banque du Canada avait abaissé son taux directeur à 0,50% en juillet 2015, niveau inchangé depuis.

Au premier trimestre, la croissance a été tirée par les dépenses de consommation des ménages, avec une augmentation notamment des achats de voitures, ainsi que par les dépenses des entreprises, reparties à la hausse après avoir baissé au cours de huit des neuf précédents trimestres.

Les entreprises ont augmenté leurs investissements dans la construction résidentielle et ont recommencé à acheter des équipements et du matériel, menant à reconstitution des stocks.

En revanche, les exportations ont légèrement diminué, pendant que les importations de biens et de services augmentaient, en parallèle avec une forte demande intérieure finale.

La demande intérieure a atteint 4,7% en rythme annualisé au premier trimestre, alors qu'elle n'avait été que de 0,1% au quatrième trimestre.

«Si la croissance a été exceptionnellement forte à l'hiver, le printemps pourrait s'avérer décevant pour l'économie canadienne», a cependant estimé l'économiste Benoit Durocher de la banque Desjardins à Montréal.

Il a notamment invoqué «les conditions climatiques difficiles dans plusieurs régions du pays en avril et en mai». Selon lui, il «serait surprenant que la demande intérieure conserve un rythme de croissance aussi élevé en raison de l'atténuation de l'effet bénéfique des mesures fiscales du gouvernement fédéral sur le revenu disponible des ménages».

Bien que la croissance soit plus soutenue au Canada depuis l'été dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a également fait part de ses inquiétudes par rapport à la «durabilité de la reprise canadienne».

Dans un rapport mercredi, le FMI a noté l'augmentation des dépenses de consommation des ménages, mais souligné la «faiblesse» des investissements des entreprises.

Par ailleurs, les exportations, hormis celles du secteur de l'énergie, continuent d'être décevantes, tandis que les déséquilibres liés à la surchauffe immobilière s'accentuent, estime le FMI.

L'institution a révisé à la hausse sa prévision de croissance de l'économie canadienne en 2017, à 2,5%, contre 1,9% précédemment. Elle a abaissé d'un point de pourcentage celle de 2018, à 1,9%.

«Les moteurs traditionnels de la croissance au Canada tournent moins rapidement, entravés par des problèmes structurels de longue date comme la faible productivité de la main-d'oeuvre et le vieillissement de la population», selon le FMI.

Ces problèmes réduisent «la capacité des entreprises canadiennes à compétitionner sur le marché mondial et à créer des emplois».

Les incertitudes entourant le commerce mondial, et notamment la renégociation à venir de l'Accord de libre-échange nord-américain entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, pourraient aussi avoir «des conséquences significatives» sur l'économie canadienne, indique le FMI.