L'inflation annuelle canadienne a atteint 1,6% en avril pour un deuxième mois de suite, la hausse des coûts de l'énergie ayant contrebalancé un septième déclin consécutif des prix des aliments, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Dans son rapport mensuel sur l'indice des prix à la consommation, l'agence fédérale a identifié les hausses de prix de l'essence et du gaz naturel comme les principaux moteurs de croissance du coût de la vie sur une base annuelle.

D'un autre côté, les prix des produits frais et des vêtements ont appliqué une pression à la baisse sur l'inflation.

La publication de ces données survient alors que la Banque du Canada s'apprête à annoncer la semaine prochaine sa nouvelle décision sur les taux d'intérêt. Certains experts, comme l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, s'attendent à ce que la banque centrale insiste sur l'affaiblissement des indicateurs d'inflation sous-jacente, qui ne tiennent pas compte des éléments les plus volatils.

«La faible inflation de base que nous observons est probablement le plus solide argument individuel pour justifier que la Banque du Canada ne fasse rien», a affirmé M. Porter, ajoutant que l'incertitude au sujet de la politique américaine, particulièrement à l'égard du commerce, était aussi un argument de taille.

«Il n'y a simplement pas urgence, pas du tout, pour que la Banque du Canada décide de modifier les taux.»

D'une part, plusieurs indicateurs - la vigueur des marchés immobiliers, la robustesse des dépenses des consommateurs, le faible taux de chômage et la solide croissance du début de l'année - semblent presser la banque centrale de hausser les taux d'intérêt, qui sont très faibles.

Mais en même temps, les chiffres dévoilés vendredi révèlent que la moyenne des trois mesures de l'inflation de base a glissé à environ 1,4%, alors qu'elle est à 1,6% depuis le début de 2017. Elle s'écarte ainsi davantage de la cible de 2% privilégiée par la banque, a noté M. Porter.

«Même si l'économie montre un bon élan, l'inflation reste particulièrement décevante», a affirmé Matthieu Arseneau, économiste principal à la Banque Nationale, dans une note de recherche. Celui-ci a aussi souligné qu'il y avait habituellement un délai de trois à cinq trimestres avant que l'inflation sous-jacente réponde aux conditions économiques.

«Pour cette raison, nous continuons de nous attendre à ce que (l'inflation de base) accélère en 2017 pour se conformer à la récente cadence économique.»

Deux des trois mesures de l'inflation de base de Statistique Canada ont ralenti le mois dernier, tandis que la troisième est restée inchangée. Ces indicateurs sont suivis de près par la Banque du Canada. L'IPC-comm est restée à 1,3%, l'IPC-méd a décéléré à 1,6% par rapport à 1,7%, et l'IPC-tronq a ralenti à 1,3% par rapport à 1,4%.

L'inflation d'ensemble de 1,6% d'avril était identique à celle de mars, mais légèrement inférieure à celle de 1,7% attendue par les économistes, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Les prix de l'essence à la pompe étaient 15,9% plus élevés que le mois précédent, tandis que ceux du gaz naturel ont avancé de 15,2%, a précisé Statistique Canada.

Dans l'ensemble, les prix des aliments ont retraité de 1,1%. Les prix des fruits frais ont reculé de 6,2%, tandis que ceux des légumes frais ont diminué de 5,9%. Les coûts de la viande ont cédé 2,1%.

Les prix des vêtements pour enfants ont diminué de 6,2%, tandis que ceux des vêtements pour femmes ont cédé 2,8% en avril, par rapport au même mois l'an dernier.

L'inflation a grimpé dans trois provinces, dont la Saskatchewan, qui a facilement affiché l'accélération la plus rapide après avoir haussé sa taxe de vente à la fin mars. L'inflation annuelle s'est établie à 1,4 % dans la province en avril, après avoir été de 0,6% en mars.

Les prix ont ralenti leur croissance par rapport à l'an dernier dans cinq provinces, tandis que l'inflation est restée inchangée dans deux provinces.

Statistique Canada a aussi dévoilé ses données les plus récentes sur les ventes des détaillants, qui ont progressé de façon plus importante que prévu en mars, avec un gain de 0,7% sur une base mensuelle. En comparaison, ces ventes s'étaient contractées de 0,4% en février.

Les ventes des détaillants se sont chiffrées à près de 48,3 milliards en mars, a indiqué l'agence. Leur croissance était notamment attribuable au secteur des véhicules automobiles et de leurs pièces, qui a profité d'une hausse des ventes d'automobiles neuves.

Les économistes misaient sur une croissance de 0,4% des ventes au détail en mars, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.