La tendance des mises en chantier d'habitations a évolué à la hausse en mars pour atteindre son plus haut niveau depuis septembre 2007. Ce signe de vigueur du marché immobilier vient s'ajouter à plusieurs autres, ce qui fait craindre à certains observateurs une surchauffe de ce secteur.

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a indiqué lundi que le nombre mensuel désaisonnalisé et annualisé de mises en chantier avait atteint 253 720 en mars, alors qu'il s'était chiffré à 214 253 en février.

Les économistes prévoyaient plutôt un total de 215 000 mises en chantier pour le dernier mois, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

À Toronto, où les inquiétudes de bulle immobilière sont particulièrement fortes, la tendance annuelle des mises en chantier était de 53 021, comparativement à 36 389 le mois précédent.

«La réponse de l'offre est particulièrement bienvenue à Toronto, étant donné la croissance fulgurante des prix et la pénurie des réserves sur le marché», a estimé Michael Dolega, économiste principal à la Banque TD.

«L'achèvement de ces logements devrait aider à ralentir une partie de la croissance des prix à Toronto, mais cela ne va pas survenir du jour au lendemain. C'est vraisemblablement l'histoire de la prochaine année, et même au-delà.»

La tendance des mises en chantier d'habitations s'est chiffrée à 211 342 au Canada, comparativement à 205 521 en février, selon la SCHL. Cette tendance correspond à la moyenne mobile de six mois du nombre mensuel désaisonnalisé et annualisé de mises en chantier d'habitations.

La SCHL a noté une augmentation de 20,2 % des mises en chantier dans les centres urbains - pour atteindre 235 674 unités -, attribuable notamment à une hausse dans le segment des logements collectifs.

Ce segment a en effet connu une progression de 30,2 %, à 160 989 unités, tandis que celui des maisons individuelles a crû de 3,1 % pour s'établir à 74 685 unités. Dans les régions rurales, le nombre désaisonnalisé annualisé de mises en chantier d'habitations est estimé à 18 046.

La rareté des maisons inscrites à la vente est l'un des facteurs évoqués par certains observateurs pour expliquer la récente flambée des prix des logements à Toronto.

Ces derniers mois, les politiciens ont été invités à s'attaquer à cette question dans la métropole. Le prix de vente moyen d'un logement dans la grande région de Toronto en mars a grimpé de plus de 30 % par rapport à l'an dernier.

Le ministre des Finances de l'Ontario, Charles Sousa, a promis des mesures pour améliorer l'accessibilité du marché de l'habitation dans son budget à venir, soulevant la possibilité d'une taxe pour les investisseurs étrangers, pour les spéculateurs ou pour les logements inoccupés.

Deux taxes du genre - sur les logements inoccupés et pour les acheteurs étrangers - ont été instaurées à Vancouver, où le volume de ventes a diminué.

Les meilleures données que prévu au sujet des mises en chantier font suite aux solides chiffres du marché de l'emploi pour le mois de mars, et viennent raffermir l'idée que l'économie prend de la vigueur.

«Avec cette reprise d'activité en début d'année, il semble que le secteur de la construction résidentielle pourrait appuyer davantage la croissance canadienne que plusieurs ne le croyaient pour 2017», a écrit Robert Kavcic, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux, dans une note de recherche.

La Banque du Canada doit annoncer mercredi sa plus récente décision sur son taux d'intérêt directeur, en plus de publier la version printanière de son Rapport sur la politique monétaire. Son gouverneur, Stephen Poloz, a déjà insisté sur l'importance de rester prudent, mais des économistes s'attendent tout de même à ce que la banque centrale améliore sa prévision de croissance.