Le Canada a affiché pour décembre un deuxième excédent commercial mensuel en autant de mois pour la première fois depuis septembre 2014, soutenu par une hausse des prix des exportations du pétrole et du gaz naturel en décembre, a indiqué mardi Statistique Canada.

Mais ce gain des prix de l'énergie cachait des faiblesses inquiétantes du côté des exportations non énergétiques, ont souligné des économistes.

Selon Statistique Canada, le surplus a atteint 923 millions $ pour le dernier mois de 2016, alors que celui de novembre a été révisé à la hausse à 1 milliard $ - comparativement au chiffre de 526 millions $ initialement rapporté.

Le résultat de décembre était supérieur aux attentes des économistes, qui visaient un excédent de 350 millions $, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Selon Jennifer Lee, une économiste principale chez BMO Marchés des capitaux, les données mensuelles sur les échanges commerciaux ont pris une plus grande importance ces derniers temps.

«Ces jours-ci, les rapports sur le commerce international sont scrutés à la loupe, non seulement pour leur impact sur le produit intérieur brut (PIB), mais aussi pour leurs ramifications politiques», a expliqué Mme Lee dans une note de recherche à ses clients.

«L'affichage de surplus va attirer une attention non sollicitée (des États-Unis).»

Le commerce était un des sujets de prédilection du président américain Donald Trump pendant sa campagne électorale. Selon lui, les États-Unis devraient adopter une approche plus dure dans ces dossiers.

Si M. Trump s'est surtout prononcé sur la relation commerciale de son pays avec le Mexique et la Chine, certains observateurs craignent que le Canada ne fasse les frais de dommages collatéraux en cas d'un éventuel conflit commercial.

Le Canada a maintenu son excédent commercial avec les États-Unis en décembre, même si celui-ci a diminué à 4,4 milliards $, comparativement à 4,7 milliards $ en novembre. Les exportations vers les États-Unis ont avancé de 0,2 % à 34,2 milliards $ en décembre, tandis que les importations en provenance de ce pays ont gagné 1,3 % à 29,7 milliards $.

Dans l'ensemble, les exportations ont gagné 0,8 % en décembre pour atteindre le niveau record de 46,4 milliards $, grâce aux augmentations de prix des produits énergétiques. Les exportations de produits énergétiques ont grimpé de 15,9 % à 8,5 milliards $, mais en les excluant de l'ensemble, les exportations ont diminué de 2,1 %.

Les importations ont gagné 1,0 % à 45,5 milliards $ en décembre, ce qui était surtout attribuable aux importations d'aéronefs et de machines industrielles, a indiqué Statistique Canada.

Mme Lee juge que les chiffres d'ensemble sont encourageants, mais qu'il y a certains détails troublants dans les détails sur les exportations de produits non liés au secteur de l'énergie.

«Même si la manchette est bonne, en surface, cela ne va pas changer le discours de la Banque du Canada, qui veut qu'une baisse des taux d'intérêt soit toujours bel et bien envisageable», a-t-elle affirmé.

Exprimées en volumes, les exportations ont diminué de 1,4 % en décembre, tandis que les volumes d'importations ont progressé de 0,4 %.

L'économiste Nick Exarhos, de la Banque CIBC, juge que la tendance générale des exportations reste prise dans une fourchette restreinte et s'inquiète de la possibilité que les politiques protectionnistes aux États-Unis puissent ralentir, ou même faire dérailler, la reprise des investissements manufacturiers.

«Jumelées avec la croissance limitée des prix de l'énergie dans les mois à venir, et le fait que les importations ont de l'espace pour faire du rattrapage, nous avons vraisemblablement observé ce qui aura été le dernier rebond de la balance commerciale pour un moment», a-t-il dit.