Plusieurs Canadiens se demandent qui sortira vainqueur du Super Bowl LI. Pas dans le match opposant les Patriots de la Nouvelle-Angleterre aux Falcons d'Atlanta, mais dans la guerre que se livrent le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et la chaîne CTV.

En décrétant que la transmission de Fox Sports du Super Bowl ne serait plus substituée par un signal canadien, le CRTC espérait marquer un touché avec les téléspectateurs canadiens, qui se plaignent depuis de nombreuses années de ne pas avoir accès aux publicités américaines.

Le détenteur des droits canadiens, Bell Média, prétend avoir subi des pertes de revenus de plusieurs millions de dollars en raison de cette décision, qu'il conteste sur plusieurs fronts. Bell a fait appel aux tribunaux et à des lobbyistes politiques. La NFL a même été impliquée, des deux côtés de la frontière.

Si rien ne change d'ici au pile ou face de dimanche, les téléspectateurs canadiens verront enfin les publicités américaines en direct.

Quand on a demandé au président et chef de l'exploitation de Fox Sports, Eric Shanks, si son réseau avait facturé un supplément pour les plages publicitaires qui seront maintenant vues au Canada, il a répondu: «J'espère».

Pas que Fox ne fasse pas ses frais: le réseau a indiqué qu'un message publicitaire de 30 secondes coûterait 5 millions de dollars US ce dimanche.

La décision de permettre la diffusion du signal de Fox au Canada aurait pu avoir des retombées pour les stations américaines situées le long de la frontière canadienne, s'il n'y avait pas eu tant d'incertitude à quelques jours du grand match. Comme les stations locales peuvent vendre 13 plages publicitaires de 30 secondes (alors qu'une cinquantaine de ces plages sont vendues par Fox), les annonceurs canadiens auraient pu être tentés d'acheter de la publicité à Buffalo, Burlington ou Detroit s'il avait été clairement établi que la règle du CRTC allait être en vigueur cette année.

Qu'ils soient Canadiens ou Américains, les téléspectateurs vivront par contre quelque chose de tout nouveau, le segment «Be the Player» (Soyez le joueur).

«Pour la toute première fois, explique M. Shanks, nous serons en mesure - pendant le match - de placer les spectateurs dans le casque de n'importe lequel joueur et de leur faire vivre la rencontre selon leur perspective.»

Ce que les téléspectateurs n'auront pas cependant, c'est une retransmission 4K. Rogers Sportsnet a produit et diffusé toutes les rencontres des Blue Jays de Toronto en 4K la saison dernière, et entend répéter l'expérience cette année. Sportsnet a aussi produit 15 matchs de la LNH et 14 de la NBA en 4K pour la saison 2016-17.

«Il y a si peu de domiciles équipés de téléviseurs 4K, s'est défendu M. Shanks, que de le faire pour si peu de gens n'en vaut pas l'investissement.»

Fox comptera sur une caméra 8K et de quatre 4K sur les 100 caméras utilisées pour couvrir la rencontre. Les réseaux américains n'utilisent ces caméras de 4K et 8K que pour grossir des images, disons, du pied d'un receveur, afin qu'elles aient l'air d'être en haute définition. M. Shanks note que 24 caméras seront visées vers les zones de buts.

Le botté d'envoi aura lieu autour de 18h30.