L'économie canadienne est en train de gagner une certaine robustesse cet hiver, estime la Banque du Canada, plus prudente que jamais dans ses projections immédiates.

Après un rythme annualisé de 1,5% durant l'automne, l'expansion devrait s'accélérer jusqu'à 2,5% au premier trimestre, selon son nouveau scénario contenu dans le Rapport sur la politique monétaire (RPM).

Pour l'ensemble de 2017, la croissance devrait atteindre 2,1%, contre 2,0%, estimé dans le RPM d'octobre. Le même rythme reste prévu pour 2018.

La croissance de 2016 est estimée à 1,3%, soit deux dixièmes de plus que dans le RPM d'octobre, mais autant que dans celui de juillet. Les données officielles de Statistique Canada seront publiées à la toute fin de février.

Ces changements mineurs au scénario d'octobre portent le Conseil de direction de la Banque à juger que le degré d'assouplissement monétaire actuel est toujours adéquat. Il maintient donc le taux cible de financement à un jour à 0,5%, en place depuis juillet 2015.

Comme en octobre, la Banque juge qu'une bonne part des capacités de production de l'économie canadienne reste inutilisée. Elle estime cet écart entre la production réelle et le plein potentiel de l'économie canadienne à 1,25 point de pourcentage. Comme en octobre, la Banque projette qu'il sera comblé au milieu de l'an prochain.

L'amélioration relative de l'économie s'explique surtout par l'absorption du choc pétrolier qui est désormais complété. L'appréciation des prix depuis un an permet même d'espérer un certain regain d'activité dans cette industrie.

Dans son scénario, la Banque incorpore quelques éléments des engagements électoraux du prochain président américain Donald Trump. Elle estime ainsi que ses dépenses accrues en infrastructures et les baisses d'impôt promises stimuleront le rythme de l'expansion américaine, surtout en 2018 où elle prévoit désormais 2,3% de croissance au lieu de 2,0% dans son scénario d'octobre.

En revanche, les baisses d'impôt promises aux entreprises pourront faire perdre de la compétitivité aux entreprises canadiennes hors ressources et ralentir quelque peu leurs exportations.

La Banque souligne qu'il s'agit là d'hypothèses initiales. Elles devront être ajustées, à mesure que seront connus les changements apportés par la nouvelle administration américaine aux politiques budgétaire, fiscale, réglementaire et frontalière.

Cela signifie que les bases de son scénario économique sont plus fragiles que d'accoutumer, ce qui justifie d'autant plus le statu quo monétaire.

Les autorités monétaires sont d'avis que le taux d'inflation retrouvera bientôt sa cible de 2%. Les facteurs qui exerçaient des pressions à la hausse, comme l'affaiblissement du dollar canadien, ou à la baisse, comme les prix des produits de base, se sont estompés. Reste l'écart de production qui, à mesure qu'il sera comblé, devrait soutenir des augmentations modérées des salaires et ramener la progression des prix à la cible de 2%.

La prochaine de fixation du taux directeur sera le premier mars.