Le Groupe Jean Coutu pourrait réduire son appui financier aux propriétaires de pharmacies en raison des plus gros paiements que doit offrir sa filiale de médicaments génériques aux pharmaciens, ce qui menace d'éroder sa rentabilité.

Des changements législatifs apportés par Québec ont augmenté les allocations professionnelles - les rabais offerts par les fabricants de médicaments génériques - versées aux pharmaciens-propriétaires de 30% depuis octobre, mais ce plafond devrait être complètement éliminé d'ici la fin du mois.

La hausse de ces versements sera alors déterminée par les négociations des pharmaciens pour obtenir de meilleurs rabais. Ces derniers devraient obtenir plus d'argent, mais les fabricants de médicaments comme Pro Doc, une filiale de Jean Coutu, devront augmenter leurs paiements pour rester concurrentiels.

Conséquemment, Jean Coutu dit s'attendre à devoir déterminer, dans les mois à venir, si elle réduit l'appui financier qu'elle offre à ses franchisés.

Les ventes sous ordonnance des pharmaciens représentent 65% de leurs ventes au détail d'ensemble. Même si ces revenus ont augmenté, les profits ont été minés par les réductions obligatoires des prix des médicaments génériques et par la hausse des allocations professionnelles aux pharmaciens.

La société offre un répit aux pharmaciens sur les redevances qu'ils versent pour être des franchisés de Jean Coutu. Cet appui aide les pharmaciens à contrebalancer les hauts coûts associés à l'offre de médicaments plus dispendieux ainsi que les frais pour la rénovation des magasins en plus de les soutenir face aux nombreux changements réglementaires mis en place par Québec ces dernières années.

Jean Coutu ne dévoile pas à combien s'élève cet appui discrétionnaire, mais l'entreprise calcule que la redevance moyenne des franchisés est environ de 2,8%. Ce taux est inférieur à celui de 5% imposée sur la première tranche de 4 millions $ de revenus tirés des ventes au détail et de quatre pour cent sur les ventes additionnelles.

«Nous voulons nous assurer que tout le monde gagne, tant le franchiseur que le franchisé», a expliqué vendredi le directeur financier du Groupe Jean Coutu, André Belzile, après la publication des résultats financiers du troisième trimestre.

«Alors si le franchisé voit sa rentabilité grimper, nous pourrions éliminer une partie de ces programmes d'appui. Mais nous ne le ferions pas d'une telle façon que cela améliorerait notre situation au détriment de la leur.»

Lors d'une conférence téléphonique, le chef de la direction, François Coutu, a indiqué aux analystes qu'une certaine incertitude persistait quant à la mise en application de deux lois du Québec - une qui permet au ministère de lancer des appels d'offres pour l'approvisionnement de certains médicaments et une autre qui exigera une facturation plus précise pour les médicaments, qui devrait entrer en vigueur en septembre.

M. Coutu s'est dit d'accord avec un analyste qui a qualifié le manque de détails sur les changements envisagés de «frustrant».

«Oui, ça l'est. La période d'incertitude est prolongée», a-t-il affirmé.

Le bénéfice de Jean Coutu a reculé de 11% au troisième trimestre, malgré la hausse de ses revenus.

Le groupe a engrangé un profit de 51,2 millions $, soit 28 cents par action, pour le trimestre clos le 26 novembre, alors que celui-ci avait été de 57,8 millions $, ou 31 cents par action, à la même période l'année précédente.

Le chiffre d'affaires a grimpé de 1,9% à 763,7 millions $, comparativement à celui de 749,2 millions $ au troisième trimestre de l'exercice précédent.

Le recul des profits était essentiellement attribuable à la plus faible contribution de Pro Doc, qui a notamment dû verser des allocations professionnelles plus élevées aux pharmaciens.

Les ventes des pharmacies ouvertes depuis au moins un an ont augmenté de 3,6% au cours du trimestre. À ce chapitre, les ventes sous ordonnance ont gagné 4,4% et celles des autres produits ont avancé de 2,8%.