Un des pionniers technos de Montréal, Nstein Technologies, a été épinglé par l'Autorité des marchés financiers. Neuf ex-administrateurs et un comptable associés à l'entreprise ont écopé d'amendes totalisant 441 500 $ pour avoir profité d'informations privilégiées liées à la vente de Nstein à l'ontarienne Open Text, en 2010.
Selon la preuve déposée par l'AMF devant le Tribunal administratif des marchés financiers, le conseil d'administration a autorisé peu avant cette transaction l'octroi de 1,2 million d'options d'achat d'action de Nstein à trois de ses membres, Bruno Martel, Stéphanie Benoit et Luc Filiatreault, alors PDG, ainsi que d'autres employés. L'octroi des options d'achat a été autorisé le 4 janvier 2010, alors qu'Open Text avait formulé dès novembre 2009 une offre verbale d'acquisition «offrant une prime de 100% sur le prix d'exercice des actions de Nstein à cette date», peut-on lire dans le communiqué de l'AMF.
Leader mondial du contenu
Avant que l'acquisition ne soit rendue publique, en février 2010, le PDG Luc Filiatreault avait également confié à son comptable Pierre Légaré «qu'il était sur le point de se retrouver sur le marché de l'emploi» et qu'il était à la recherche d'un acquéreur pour Nstein. «Sur la base de ces informations, Pierre Légaré a négocié des titres de Nstein», écrit l'AMF.
Fondée en 2000, Nstein s'est spécialisée dans la gestion du contenu pour les journaux, les magazines et les sites web, domaine dans lequel elle s'est imposée comme un des leaders mondiaux. En 2006, c'est d'ailleurs cette entreprise qui avait été retenue par La Presse pour la gestion de son site web, lapresse.ca. Quebecor comptait également parmi ses clients. En 2008, son PDG Luc Filiatreault reconnaissait cependant en entrevue que la popularité de son entreprise s'était quelque peu «effritée avec le temps». Elle est passée dans le giron d'Open Text, un fournisseur de logiciels basé à Waterloo, en Ontario, en 2010, dans le cadre d'une transaction évaluée à 35 millions, soit le double de sa valeur sur le marché.