Postmedia a annoncé jeudi avoir l'intention de réduire ses dépenses salariales de 20 % par l'entremise d'un programme de départs volontaires, ajoutant que des mises à pied étaient possibles si son objectif n'était pas atteint de cette façon.

Les employés intéressés ont jusqu'au 8 novembre pour demander un départ volontaire. Les coupes auront lieu à tous les niveaux, dans toutes les activités de l'entreprise.

La chaîne de journaux a annoncé cette mesure de réduction des coûts en même temps que ses résultats financiers du quatrième trimestre, lesquels ont fait état d'une perte nette de 99,4 millions $, soit 35 cents par action. En comparaison, sa perte avait été de 54,1 millions $, ou 19 cents par action, lors du même trimestre l'an dernier.

Les revenus du trimestre clos le 31 août ont totalisé 198,7 millions $, en baisse par rapport au chiffre d'affaires de 230,2 millions $ de l'an dernier. Postmedia a attribué ce recul de ses recettes à une chute de 21,3 % des revenus publicitaires de l'imprimé, et une diminution de 8 % de ses tirages.

Pour l'ensemble de l'exercice financier, Postmedia a fait état d'une perte de 352,5 millions $, soit 1,25 $ par action, à partir de revenus totalisant 877,2 millions $. Lors de l'exercice précédent, l'éditeur avait perdu 263,4 millions $, soit 1,98 $ par action, à partir de revenus de 750,3 millions $.

«Nous devons accélérer la transformation de nos activités d'affaires pour aligner notre structure de coûts avec nos perspectives de revenus», a expliqué le chef de la direction, Paul Godfrey, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

En vertu du plan de départs volontaires annoncé jeudi, les employés pourront recevoir l'équivalent de trois semaines de salaire pour chaque année de service, jusqu'à un maximum de 78 semaines, a indiqué le président de l'unité syndicale locale 87-M d'Unifor, qui représente certains employés de Postmedia. L'offre est plafonnée à 150 000 $, a-t-il précisé, et le montant d'argent sera versé dans le cadre d'un régime de maintien du salaire, plutôt qu'en un seul paiement forfaitaire.

L'effectif de Postmedia compte l'équivalent de 4000 employés à temps plein, a indiqué la vice-présidente aux communications de l'entreprise, Phyllise Gelfand, dans un courriel. Selon des documents de l'entreprise, ce nombre était de 4733 en date du 31 août 2015.

L'industrie des journaux est victime depuis des années d'une baisse des revenus publicitaires, mais 2016 a été une année particulièrement difficile à ce chapitre.

Mais le président de SCA Canada, un syndicat représentant environ 6000 travailleurs des médias, a estimé que Postmedia utilisait le déclin des revenus publicitaires comme bouc émissaire. Ses problèmes financiers seraient plutôt attribuables à sa lourde dette.

«Le vrai problème avec Postmedia, c'est sa dette», a indiqué Martin O'Hanlon dans une déclaration.

Postmedia a complété, plus tôt en octobre, une restructuration qui a réduit sa dette d'environ 307 millions $ et ses dépenses annuelles d'intérêt d'environ 50 millions $.

En janvier, Postmedia avait éliminé 90 emplois et fusionné les salles de rédaction de ses publications dans quatre villes du pays, sans éliminer de journaux.  Le groupe médiatique avait bouclé, l'an dernier, l'acquisition des journaux anglophones de Sun Media et d'autres propriétés numériques.

Postmedia voulait réduire ses dépenses annuelles d'exploitation de 80 millions $. Elle n'est plus qu'à 5 millions $ de cet objectif, a-t-elle précisé, ce qui devrait être fait d'ici la fin du premier trimestre de l'exercice financier 2017.

Les départs volontaires ou les éventuelles mises à pied sont «incrémentielles» à cette cible, a indiqué le directeur financier, Doug Lamb, lors de la conférence téléphonique de jeudi.

Les pertes d'emplois subies cette année dans les médias

Les médias imprimés au pays ont perdu bien des joueurs cette année, les plans de départ volontaire et les mises à pied faisant partie du paysage médiatique régulier depuis quelque temps. 

Voici une liste des autres coups durs subis par le secteur des médias imprimés depuis le début de 2016.

19 janvier: Postmedia annonce la suppression d'environ 90 emplois et la fusion des salles de nouvelles de quatre villes afin de réduire les coûts et pallier une baisse de revenus. L'entreprise possède deux journaux dans chacune des villes suivantes: Ottawa, Calgary, Edmonton et Vancouver.

9 août: Torstar, l'entreprise propriétaire du Toronto Star, annonce la mise à pied de plus de 50 employés, majoritairement des travailleurs de sa salle de rédaction ou affectés à son édition pour tablette électronique. La compagnie attribue sa décision au déclin constant des revenus publicitaires dans l'imprimé. Vingt-deux employés, dont 19 travailleurs à temps plein de la salle de rédaction du Toronto Star, font partie des personnes qui perdent leur emploi.

8 septembre: Le Globe and Mail offre un programme de départ volontaire à 40 de ses quelque 650 employés. L'éditeur et chef de la direction, Phillip Crawley, précise que les départs seront bouclés d'ici la fin novembre.

30 septembre: Rogers Media annonce une transformation de ses magazines en réponse au déclin des abonnements et des revenus publicitaires. Flare, Sportsnet, MoneySense et Canadian Business deviennent ainsi des magazines en ligne uniquement, tandis que Maclean's, Chatelaine (version anglaise) et Today's Parent voient leur nombre de publications réduit. Rogers met également en vente ses magazines en français - L'Actualité, Loulou et Châtelaine - et ses publications interentreprises. Le géant médiatique admet que des pertes d'emplois sont à prévoir, sans pouvoir dire combien.