Rogers Communications a annoncé lundi, à la surprise générale, que son chef de la direction, Guy Laurence, quittait immédiatement son poste et qu'il serait remplacé par un ancien patron de son concurrent Telus, Joe Natale, à un moment encore inconnu.

En attendant l'arrivée de M. Natale, le président du conseil du géant des télécommunications, Alan Horn, jouera le rôle de chef de la direction par intérim.

«Nous ne pouvons pas être plus précis pour l'instant», a expliqué M. Horn lors d'une conférence téléphonique.

Des analystes ont noté que M. Natale était lié par un contrat de non-concurrence avec Telus. Ils ont demandé pourquoi le changement de leadership était annoncé lundi et pourquoi le départ de M. Laurence était aussi soudain, sans période de transition.

M. Horn a expliqué que le moment du changement s'expliquait par l'occasion d'embaucher M. Natale, «que nous croyons être un individu unique en ce qui a trait au paysage des télécommunications canadiennes».

Pour ce qui est de la transition entre MM. Laurence et Natale, le président a estimé que chaque situation était unique et que «dans ce cas, la situation a fait en sorte que la transition a dû avoir lieu de cette façon».

Ni M. Natale ni M. Laurence n'ont émis de commentaires. Aucun des deux ne pouvait être joint pour discuter de la situation.

M. Laurence, ancien grand patron de Vodafone UK, a été nommé à la tête de Rogers à la fin 2013 en grande pompe. Il devait redresser l'entreprise après une période de faible croissance.

Solides résultats dans le sans-fil

Le départ de M. Laurence a été annoncé quelques minutes avant le dévoilement des plus récents résultats trimestriels de Rogers. Malgré les difficultés liées à l'échec du service de vidéo sur demande Shomi face à la concurrence de Netflix, le groupe de télécommunications a obtenu de bons résultats dans d'autres secteurs.

M. Horn a répété qu'aucun changement n'était prévu dans la stratégie entreprise par M. Laurence et qu'une solide équipe de direction était en place pour superviser les progrès.

«Il existe une perspective croissante qui veut que Rogers se remette en selle, comme le prouve la vigueur du cours de son action, tant cette année que dans la deuxième moitié de l'an dernier», a observé l'analyste Aravinda Galappatthige, de CanaccordGenuity, dans une note à ses clients.

Selon le directeur financier de Rogers, Tony Staffieri, la société a connu un solide troisième trimestre. Sa division sans fil, la plus importante, a affiché une des meilleures croissances des dernières années et la division des médias a offert une bonne performance grâce à sa couverture sportive.

«Nous entamons ce qui s'annonce comme une bonne saison dans la Ligue nationale de hockey (LNH), mais la saison de baseball se porte aussi toujours bien», a indiqué M. Staffieri.

Sous la gouverne de M. Laurence, Rogers a conclu un accord de 12 ans pour obtenir les droits de diffusion de la LNH. Cette relation n'a cependant pas obtenu autant de succès que prévu lors de la saison 2015-16, qui s'est conclue sans qu'une seule équipe canadienne ne parvienne à se qualifier pour les séries éliminatoires.

Rogers a affiché un bénéfice net de 220 millions $, soit 43 cents par action, pour le trimestre clos le 30 septembre. En comparaison, ce profit était de 464 millions $, soit 90 cents par action, pour la même période un an plus tôt. La diminution du profit était largement attribuable à l'annonce de la fermeture du service Shomi.

Le bénéfice ajusté s'est quant à lui établi à 83 cents par action.

La radiation de Shomi explique à elle seule 140 millions $ du recul annuel du bénéfice net. Un autre 102 millions $ était attribuable à un gain non récurrent engrangé au troisième trimestre de 2015.

Les analystes misaient sur un bénéfice net de 89 cents par action et sur un bénéfice ajusté de 88 cents par action, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Rogers a connu ses plus importants gains du côté des activités sans fil - sa principale source des revenus et de profits. La croissance des revenus et de l'ajout de clients aux services postpayés a été la meilleure depuis 2010, avec un ajout net de 114 000 clients.

Les revenus trimestriels se sont chiffrés à 3,49 milliards $ US, ce qui était conforme aux attentes des analystes et supérieur de trois pour cent au chiffre d'affaires de 3,38 milliards $ de l'an dernier. La seule division à voir ses revenus diminuer a été celle de la câblodistribution. Ceux-ci sont passés de 871 millions $ au troisième trimestre l'an dernier à 865 millions $ au plus récent trimestre.

La publication des résultats du troisième trimestre a été devancée de trois jours. Ceux-ci devaient initialement être dévoilés jeudi, avant l'ouverture des marchés.