Cofondateur du site AskMen.com, un magazine internet pour hommes devenu numéro un mondial dans son créneau, le Montréalais Ricardo Poupada a, depuis quelques mois, un nouveau créneau en ligne de mire : la réalité virtuelle, dont il compare le potentiel à celui de l'internet à la fin des années 90.

En 1999, M. Poupada traînait avec des amis dans un café de Montréal, à la recherche du concept qui allait leur permettre de profiter du boom de l'internet. L'ampoule s'est allumée quand un mystérieux inconnu s'est présenté au comptoir habillé d'un chic complet sur mesure, de chaussures savamment sélectionnées... et de bas blancs.

AskMen.com était née, avec la vocation de fournir aux hommes quelques conseils sur la vie. Notamment celui de ne pas porter de bas blancs.

Dix-sept ans plus tard, après avoir vendu son site à un géant américain au passage, M. Poupada est de retour en affaires. Avec d'autres partenaires, il a lancé l'agence 5th Wall, qui se consacre à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée.

« J'étais sur le web en 1995 et quand je regarde la réalité virtuelle aujourd'hui, je vois le parallèle. Nous sommes dans un moment qui est très similaire à celui des débuts de l'internet, quand les gens n'avaient pas encore l'équipement pour y accéder à la maison. »

- Ricardo Poupada

Pour lui, pas de doute, la réalité virtuelle est une plateforme destinée à exploser. La différence avec l'internet de la fin des années 90, observe-t-il, est la quantité d'argent disponible.

« Les grosses entreprises investissent beaucoup plus massivement dans la réalité virtuelle qu'elles ne le faisaient à l'époque pour l'internet. Certaines ont mis des années avant d'avoir un site web. Aujourd'hui, je suis renversé par le nombre de gros clients dans la réalité virtuelle ou la réalité augmentée. Pas seulement les entreprises déjà reconnues comme innovantes ou des plus petites. »

RÉALITÉ MIXTE

La réalité virtuelle plonge ses utilisateurs dans un environnement entièrement fabriqué. Elle s'articule présentement autour de casques comme le Gear VR de Samsung ou l'Oculus Rift d'Oculus. La réalité augmentée, elle, surimpose des éléments fictifs à un environnement réel. Le jeu Pokémon Go a tout récemment fait découvrir cette technologie à un très large public.

Pour M. Poupada, c'est ultimement la « réalité mixte » qui va triompher. Il entend par là des applications concrètes, au jour le jour, de la réalité quotidienne. Des places de stationnement qui s'affichent automatiquement sur les verres de vos lunettes quand vous arrivez près de votre destination en voiture, par exemple.

« Pour les cinq prochaines années, on va surtout parler de réalité virtuelle parce que c'est la plus facile à contrôler, elle se déroule dans un environnement fermé », croit-il.

Les trois quarts des projets actuels de 5th Wall, qui compte déjà des clients comme Twitter et deux grands studios hollywoodiens, sont d'ailleurs en réalité virtuelle.

Quand il sera devenu normal pour les gens d'utiliser cette technologie, quand les conventions pour y créer du contenu seront aussi sophistiquées que celles du cinéma ou de la télévision et quand l'équipement se sera propagé, la transition vers la réalité mixte pourra s'opérer, calcule-t-il.

Et selon lui, personne n'est mieux placé qu'Apple pour cimenter cette transition.

« Ils ont déjà acheté huit entreprises dans ce domaine, avance-t-il. Si la réalité augmentée devient intégrée au système de l'iPhone, plutôt que de devoir passer d'une application à une autre pour l'utiliser, ça fera une grosse différence. »