Les détaillants canadiens devraient bénéficier bientôt d'une vitrine au coeur du vaste marché chinois, grâce au géant du commerce électronique Alibaba.

Justin Trudeau participera samedi au lancement d'un «kiosque» canadien sur la plateforme en chinois «Tmall», d'Alibaba. Le premier ministre, qui effectue cette semaine un voyage officiel en Chine, visitera samedi les bureaux de l'entreprise, à Hangzhou.

Ce nouveau «pavillon» canadien permettra aux détaillants de vendre directement leurs produits aux Chinois par l'entremise de la plus importante plateforme de commerce en ligne du monde. Alibaba a jusqu'ici étendu son site «Tmall» à une douzaine d'autres pays hors de la Chine, dont la Corée du Sud, l'Australie et les États-Unis.

Le milliardaire Jack Ma, fondateur et dirigeant d'Alibaba, sera aussi présent, samedi, pour offrir sur un plateau aux détaillants canadiens une nouvelle classe moyenne de quelque 300 millions de consommateurs chinois.

Il s'agira de la deuxième rencontre entre M. Ma et M. Trudeau depuis l'arrivée du premier ministre en Chine, mardi. Les deux hommes, qui s'étaient déjà rencontrés en janvier lors du forum économique de Davos, en Suisse, semblent avoir noué des liens particuliers. L'entrepreneur chinois n'avait que de bons mots pour M. Trudeau, mardi, à l'issue de leur rencontre.

Devant un parterre de gens d'affaires, M. Ma avait aussi vanté les «avantages canadiens», comme les produits agricoles et les matières premières, mais aussi la haute technologie, les technologies vertes, la musique, les arts et la culture.

«Voilà précisément le type de produits convoités par les Chinois», a soutenu M. Ma, qui avait aussi rencontré par le passé le prédécesseur de M. Trudeau, Stephen Harper.

Selon certains observateurs, le site Alibaba offre des perspectives intéressantes pour les détaillants canadiens. Dominic Barton, de la firme de consultants McKinsey, déclarait récemment qu'Alibaba avait permis à de petites entreprises chinoises de prendre de l'expansion en ouvrant des marchés dans toute l'Asie. «Je ne vois pas pourquoi les PME du reste du monde ne pourraient pas aussi bénéficier» de ces nouveaux marchés, a-t-il soutenu.

D'autres observateurs sont plus sceptiques. Le chercheur Alex He rappelle que M. Ma présente son modèle d'affaires comme un moyen d'aider les PME, mais que l'entrepreneur fait aussi beaucoup d'argent grâce à son initiative. Il souligne par ailleurs que le site Alibaba est critiqué en Chine parce qu'il permet la vente de marchandises contrefaites.

«Le modèle de Jack Ma connaît beaucoup de succès, mais je ne suis pas sûr que cela va marcher en dehors de la Chine», estime M. He, du Centre mondial pour l'innovation en matière de gouvernance, établi en Ontario.

Le ministre des Finances, Bill Morneau, qui est en déplacement en Chine avec M. Trudeau, a été questionné quant au potentiel d'Alibaba pour l'économie canadienne.

«Nos objectifs ici sont d'élargir de concert les occasions (d'affaires), alors nous sommes vivement intéressés à entendre ce qu'a à dire toute entreprise qui cherche à étendre son empreinte», a dit le ministre, à Shanghai.

M. Trudeau a aussi rencontré, vendredi, le président et chef de la direction du Cirque du Soleil, Daniel Lamarre, et son associé chinois, Fosun. Le fonds d'investissement chinois a acquis en 2015 une participation de 20 % dans le Cirque du Soleil. Le Cirque du Soleil avait confirmé, également en 2015, la vente d'une participation majoritaire de l'entreprise à la firme d'investissement américaine TPG Capital.

Vendredi, le représentant de Fosun et MM. Trudeau et Lamarre ont fait le point sur les projets de l'organisation en Chine.

La première d'une création en collaboration avec Hangzhou Industrial Investment Group est prévue en 2018 et aura lieu dans un théâtre spécialement conçu, dans le district XTD, à Hangzhou.

Inspiré du film Avatar de James Cameron, le spectacle Toruk doit par ailleurs se poser en Chine l'année prochaine.