L'économie canadienne a affiché au deuxième trimestre sa pire performance en sept ans, a indiqué mercredi Statistique Canada.

Le produit intérieur brut s'est replié au taux annualisé de 1,6 % pendant les mois d'avril à juin, a précisé l'agence fédérale, essentiellement en raison des incendies de forêt qui ont partiellement détruit la ville de Fort McMurray, en Alberta.

Il s'agit du plus important déclin de l'économie canadienne depuis le deuxième trimestre de 2009, alors que le pays traversait la crise financière mondiale.

La contraction rapportée mercredi se comparait à une croissance annualisée de 2,5 % au premier trimestre - une estimation révisée par rapport à celle de 2,4 % annoncée initialement.

Les économistes s'attendaient en moyenne sur un recul du PIB de 1,5 % au deuxième trimestre, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

«Ça n'a pas été joli, mais personne ne s'attendait à ce que ce le soit», a fait valoir Avery Shenfeld, de CIBC Marchés des capitaux, dans une note de recherche.

Le repli du PIB survient dans un contexte où les exportations de biens et de services ont reculé de 4,5 % au cours du trimestre, après avoir augmenté de 1,9 % lors des trois premiers mois de l'année. Les exportations de biens ont cédé 5,5 %, tandis que celles de services ont augmenté de 0,6 %.

Déjà aux prises avec la faiblesse des prix du pétrole, les incendies albertains ont porté un dur coup au secteur énergétique, forçant l'évacuation de Fort McMurray et l'interruption des activités de plusieurs sites de sables bitumineux dans la région.

Les exportations de produits énergétiques ont diminué de 7,5 % -celles de pétrole brut et de bitume ont cédé 9,6 % tandis que celles de produits pétroliers raffinés pour combustibles ont rendu 19,6 %. Les exportations de véhicules automobiles et de leurs pièces ont aussi échappé 5,8 % en raison du moins grand nombre d'exportations d'automobiles et de camions légers.

Les exportations d'aéronefs et d'autre matériel et pièces de transport ont pour leur part avancé de 5,6 %.

Cependant, malgré la mauvaise performance trimestrielle, l'économie a terminé le trimestre en affichant une croissance pour le mois de juin.

Le PIB réel a avancé de 0,6 % en juin, stimulé en partie par l'extraction pétrolière non conventionnelle, qui a profité de la reprise de la production de la région des sables bitumineux en Alberta. Les économistes attendaient une progression de 0,4 % pour ce mois, selon les prévisions de Thomson Reuters.

Le secteur de l'extraction minière, l'exploitation en carrière et l'extraction de pétrole et de gaz a progressé de 3,6 % pendant ce mois, stimulé par un gain de 12 % de l'extraction pétrolière par des méthodes non classiques.

«La meilleure nouvelle est que le PIB de juin a rebondi de façon plus importante que prévu, avec un gain de 0,6 %, et moins de la moitié de cette hausse était attribuable au rebond des mines, du pétrole ou du gaz naturel, parce que la fabrication a aussi enregistré un gain appréciable», a souligné M. Shenfeld.

«Dans l'ensemble, il s'agit d'un trimestre qu'on voudra oublier, et dans les quelques prochains mois, c'est précisément ce que la performance plus soutenue du troisième trimestre nous aidera à faire.»

Le résultat du deuxième trimestre était pire que celui prévu par la Banque du Canada, dans son rapport sur la politique monétaire de juillet. La banque centrale avait prédit que l'économie se contracterait au taux annualisé de 1,0 % au deuxième trimestre, en raison des incendies de forêt en Alberta.

La Banque du Canada avait cependant aussi prévu que la croissance prendrait du mieux au troisième trimestre, avec une croissance de 3,5 %, grâce à l'augmentation de la production de pétrole et aux efforts de reconstruction à Fort McMurray. Elle s'attend en outre à ce que la nouvelle allocation pour enfants du gouvernement fédéral et l'augmentation des dépenses en infrastructures donnent un coup de pouce à l'économie.