SNC-Lavalin poursuit le recentrage de ses activités d'ingénierie et de construction : le géant québécois s'apprête à vendre sa filiale française, très présente dans la gestion d'aéroports régionaux.

Les activités françaises de SNC, qui emploient 1100 personnes, « ne répondent plus totalement à la stratégie d'affaires du groupe », peut-on lire dans un document interne obtenu par La Presse.

La multinationale a récemment reçu une offre d'achat déposée par la société Impact Holding de l'entrepreneur français Jean-Luc Schnoebelen et la firme d'investissement Ciclad. La transaction, qui n'est pas chiffrée dans le document, doit être conclue en octobre. Ancien dirigeant de la firme d'ingénierie Ginger, M. Schnoebelen a été condamné à un an de prison avec sursis en 2011 dans une affaire de marchés publics truqués en Corse, mais il a été acquitté en appel l'année suivante.

« La structure plus simple et plus souple de Ciclad-Impact Holding devrait permettre une plus grande compétitivité et donner un nouveau souffle [ à ces filiales françaises ]. » - Extrait du document de SNC-Lavalin

Au cours d'un entretien téléphonique hier, Louis-Antoine Paquin, porte-parole de SNC-Lavalin, a confirmé la réception de l'offre d'achat avant d'ajouter qu'il n'y avait « rien de définitif à ce stade-ci ».

« On veut se concentrer sur nos activités principales », a néanmoins déclaré M. Paquin, en rappelant que plus tôt cette année, SNC-Lavalin a annoncé la cession de ses activités de gestion de biens immobiliers au Canada à Brookfield pour 45 millions et l'impartition à CGI de ses services informatiques. De plus, la participation de SNC dans l'autoroute privée 407, en Ontario, est à vendre depuis plusieurs mois.

DEPUIS 1998

SNC-Lavalin s'était lancée dans la gestion aéroportuaire en 1998 en décrochant, avec Aéroports de Montréal et des partenaires français, le contrat d'exploitation de l'aéroport Paris-Vatry. Plusieurs autres se sont ajoutés au fil des ans, de sorte que SNC gère aujourd'hui 17 aéroports en France et en Espagne, dont ceux de Reims, Le Havre et Dijon.

Première entreprise privée à gérer des aéroports dans l'Hexagone, SNC-Lavalin a été rejointe dans ce créneau par les poids lourds français Keolis, Vinci et Veolia.

SNC-Lavalin S.A.S. est aussi présente dans le domaine de l'ingénierie en France, mais a du mal à tirer son épingle du jeu. Ainsi, la division des bâtiments complexes « souffre d'un manque de différenciation dans un secteur fortement concurrentiel et dans un contexte de marché très délicat, du fait des changements politiques intervenus », précise le document interne. Quant à la division transports et villes, elle « dispose de fondamentaux solides, mais manque encore de ressources pour faire face à la concurrence d'acteurs de grande taille », note-t-on.

Le retrait de SNC de France s'est amorcé en 2013, alors que l'entreprise se départissait de deux filiales actives dans les domaines de la pharmacie et du « froid industriel ».

En France, SNC-Lavalin a notamment travaillé sur les chantiers du tramway d'Avignon, de l'Institut universitaire du cancer de Toulouse, de l'hôpital d'Ajaccio, d'installations sportives et culturelles ainsi que sur des projets industriels et agroalimentaires. L'automne dernier, l'entreprise a décroché un contrat pour la future ligne 18 du métro de Paris, qui reliera l'aéroport d'Orly à Versailles.

- Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse

Le passé tentaculaire de SNC

LA PÉTROCHIMIE

En 1986, Lavalin achète des installations pétrochimiques dans l'est de Montréal et baptise cette nouvelle division Kemtec. En raison d'un marché morose, l'aventure prend fin en 1991.

LE FERROVIAIRE

Toujours en 1986, le gouvernement ontarien vend le constructeur de matériel roulant ontarien UTDC à Lavalin. L'entreprise est revendue à Bombardier en 1991.

L'ARMEMENT

En 1980, SNC acquiert le fabricant de munitions Industries Valcartier avant de mettre la main sur l'ancienne société d'État Armements canadiens en 1986. Les activités sont cédées à l'américain General Dynamics en 2006.

LES COMMUNICATIONS

À la fin des années 80, Lavalin crée une division Communications qui détient le canal MétéoMédia et l'éditeur Mondia, en plus de tâter de la production cinématographique.

LA LOGISTIQUE MILITAIRE

SNC-Lavalin assure la maintenance de navires de guerre de la Marine canadienne depuis 1994. L'entreprise a aussi construit et géré des camps militaires en Bosnie-Herzégovine et en Afghanistan.