L'Association médicale américaine (AMA) a appelé mercredi le laboratoire fabriquant le médicament antihistaminique EpiPen, dont le prix a quintuplé ces dernières années, à baisser ses tarifs car «des vies sont en jeu».

L'EpiPen est utilisé dans le cas d'allergies sévères et notamment pour les enfants. Son prix est passé de 100 dollars en 2007 à plus de 500 dollars, un prix rédhibitoire pour de nombreux patients.

«Même si le produit n'a pas changé depuis 2009, les prix se sont envolés de plus de 400% durant cette période», souligne un communiqué du prédident de l'AMA, Andrew Gurman.

«L'AMA demande depuis longtemps à l'industrie pharmaceutique de rester raisonnable concernant le prix des médicaments, et, avec des vies en jeu, nous appelons le fabricant à faire tout ce qu'il peut pour limiter ces coûts exorbitants», ajoute M. Gurman.

Une pétition sur le site MoveOn.org appelant le fabricant de l'EpiPen, le laboratoire Mylan, à supprimer ses prix abusifs, a déjà récolté 129 000 signatures.

La pétition note qu'en France, une paire d'auto-injecteurs EpiPen ne coûte que 85 dollars.

«Mylan, qui dispose presque d'un monopole sur le marché américain, a vu ses profits réalisés grâce à l'Epipen bondit à 1,2 milliard de dollars par an», reprend la pétition.

Le débat sur le prix des médicaments fait rage depuis plusieurs mois aux Etats-Unis et plusieurs auditions ont déjà été organisées au Congrès sur ce thème.

La candidate démocrate à l'élection présidentielle de novembre, Hillary Clinton, a indiqué qu'elle entendait mettre en place une législation sur la question si elle était élue.

«Des EpiPens peuvent sauver des vies. Il n'y a aucune justification à ces hausses de prix», a-t-elle personnellement écrit sur Twitter mercredi.

«C'est scandaleux, et ce n'est que le dernier exemple troublant en date d'une entreprise qui profite de ses clients», a-t-elle ajouté dans un communiqué sur Facebook.

Pour sa défense, le laboratoire Mylan a fait savoir dans un communiqué qu'il avait mis en place un programme de coupons de réduction qui permettait à 80% des personnes devant utiliser ce médicament de ne rien avoir à débourser pour l'acheter ainsi qu'un autre programme de distribution dans les écoles portant sur 700 000 auto-injecteurs depuis 2012.

Les laboratoires Turing avaient notamment augmenté il y a un an de quelque 5000% le prix d'un médicament contre le paludisme et des co-infections du sida. Depuis, l'ex-PDG de Turing, Martin Shkreli, a été inculpé pour des motifs différents et est en attente de son procès.

Un autre laboratoire, le canadien Valeant, qui avait aussi pratiqué des augmentations rapides du prix pour plusieurs de ses médicaments, a été la cible d'accusations de manipulations comptables et a vu son titre fortement chuter en Bourse. Son PDG, Michael Pearson, avait démissionné au printemps.