Le groupe de télévision hispanophone Univision va racheter l'essentiel des actifs du site américain d'informations à sensation Gawker, acculé à la faillite après avoir perdu un procès intenté par le lutteur Hulk Hogan.

«Gawker Media Group a trouvé un accord cet après-midi pour vendre nos activités et marques populaires à Univision», a indiqué mardi le fondateur et principal actionnaire du groupe de médias en ligne, Nick Denton, dans un communiqué transmis par courriel à l'AFP.

Il n'a pas dévoilé les modalités de l'opération, mais les médias américains évoquent un prix de 135 millions de dollars.

Univision avait déjà pris en début d'année une participation minoritaire dans le site internet satirique The Onion, qui se présente comme un site d'informations mais ne publie que de fausses nouvelles.

Il a remporté la mise sur Gawker à la suite d'une procédure d'enchères organisée par un juge des faillites de New York, battant le groupe de médias Ziff Davis qui en juin avait été annoncé comme repreneur.

Gawker s'était à l'époque placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les défaillances d'entreprise, qui permet à une société de se restructurer sans mettre obligatoirement la clef sous la porte.

Le groupe a été poussé au dépôt de bilan par une lourde condamnation trois mois plus tôt l'obligeant à verser 140 millions de dollars de dédommagements à Hulk Hogan. Ce célèbre lutteur avait intenté un procès contre le site car ce dernier avait diffusé une vidéo le montrant en train d'avoir une relation sexuelle avec la femme d'un de ses amis.

Nick Denton, condamné solidairement avec Gawker, s'était lui-même déclaré en faillite personnelle début août.

Fin mai, le milliardaire Peter Thiel, cofondateur d'eBay, avait révélé avoir financé la défense d'Hulk Hogan, pour un total de dix millions de dollars environ.

Nick Denton avait dénoncé une «vendetta personnelle» de Peter Thiel, dont Gawker avait révélé l'homosexualité en 2007.

«Je suis fier d'avoir apporté un soutien financier à cette affaire», a encore réaffirmé cette semaine le milliardaire dans une tribune parue dans le New York Times, jugeant «ridicule de prétendre que le journalisme a besoin d'un accès sans discernement aux vies sexuelles de personnes privées».