Trois diffuseurs télé privés québécois, qui réclament un moratoire sur les décisions de programmation à Radio-Canada en attendant «une révision en profondeur du mandat», dénoncent la «dérive» de Radio-Canada dans «sa recherche de cotes d'écoute».

Le Groupe TVA, le Groupe V Média et le Groupe Serdy (Évasion) se disent «ahuris» devant les annonces de programmation de Radio-Canada depuis février. En mars, Radio-Canada a obtenu du gouvernement Trudeau un financement additionnel de 675 millions sur cinq ans. «Qu'il s'agisse de grands plateaux de variétés, d'achats de séries américaines ou de projets mettant en vedette des personnalités de premier plan requérant des cachets nul doute faramineux, plus rien ne semble freiner le diffuseur public dans sa recherche de cotes d'écoute», indiquent leurs dirigeants dans un communiqué publié aujourd'hui. 

Selon eux, «rien n'illustre mieux cette dérive» que la décision de ARTV d'annuler l'émission littéraire Lire «au même moment où cette chaîne amorce la diffusion des séries américaines Empire et UnREAL qu'elle a acquises en se livrant à une surenchère».

Les trois diffuseurs privés répliquent ainsi au PDG de Radio-Canada, Hubert T. Lacroix, qui a répondu pour la première fois à leurs demandes publiques de moratoire et de révision du mandat de la société d'État lors d'un discours mardi soir à Vancouver. Selon M. Lacroix, «confiner CBC/Radio-Canada dans un genre de "statu quo"» serait une vision «non seulement à courte vue» mais aussi «erronée»

Les trois concurrents privés estiment que le PDG de Radio-Canada Hubert T. Lacroix a «faussement caractérisé» leurs demandes et font valoir que sans moratoire, «l'équilibre déjà précaire entre le diffuseur public et le reste de l'industrie sera rompu».