Le déficit commercial du Canada s'est creusé en mars pour atteindre le niveau record de 3,4 milliards $, alors que les exportations vers les États-Unis connaissaient un ralentissement, a indiqué mercredi Statistique Canada.

En outre, l'excédent commercial du pays avec les États-Unis a rétréci de 6,3 % pour atteindre son plus faible niveau depuis décembre 1993, a précisé l'agence fédérale.

Les données pour le mois de mars, qui ont vu les exportations chuter plus rapidement que les importations, jettent une ombre sur l'allure que pourrait prendre la croissance économique au deuxième trimestre.

«La performance commerciale du Canada est brusquement retombée sur terre après sa grande vigueur aux environs du début de l'année», a écrit Benjamin Reitzes, économiste principal à la Banque de Montréal, dans une note à ses clients.

«Les détails sont absolument terribles (...) les exportations ont plongé de 4,8 %, avec des reculs dans toutes les catégories sauf celle de l'aéronautique.»

M. Reitzes a notamment souligné les «déclins massifs» de plusieurs catégories d'exportations: celle des véhicules automobiles et de leurs pièces a reculé de six %, celle des métaux et minerais non métalliques a glissé de 5,4 % et celle des biens de consommation a retraité de 4,6 %.

Dans l'ensemble, les économistes s'attendaient plutôt à un déficit de 1,4 milliard $, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Statistique Canada a aussi révisé la valeur du déficit commercial de février, la faisant passer à 2,5 milliards $, comparativement à son estimation précédente de 1,9 milliard $.

La révision à la baisse des chiffres de février et le déficit record de mars devraient miner la croissance économique du premier trimestre. Les économistes s'attendent en outre à ce que les données trahissent un plus faible élan pour le deuxième trimestre.

«Il est difficile de trouver un aspect positif aux données commerciales de mars», a laissé tomber Leslie Preston, économiste principal à la Banque TD, qui s'attend toujours à ce que le Canada génère une croissance «robuste» du produit intérieur brut d'entre 2,5 % et 3,0 % pour les trois premiers mois de 2016.

«Il est peu probable que ce vigoureux rythme de croissance se maintienne au (deuxième trimestre)», a-t-elle cependant nuancé.

Malgré tout, dans une note à ses clients. Mme Preston a souligné que la récente faiblesse dans le portrait du commerce devrait être mise en perspective comme une «reprise de souffle après une période de vigueur excessive».

Elle prédit que les exportations resteront une importante source de vigueur à moyen terme, en raison des solides bases de l'économie américaine et du fait que le dollar canadien devrait rester sous la barre des 80 cents US pendant les quelques prochaines années.

Les exportations ont reculé de 4,8 % à 41,0 milliards $ en mars, a indiqué Statistique Canada, en raison de déclins dans 10 des 11 secteurs étudiés, tandis que les importations ont cédé 2,4 % à 44,4 milliards $ US.

L'excédent commercial du Canada avec les États-Unis s'est resserré à 1,5 milliard $, comparativement à celui de 2,1 milliards $ de février. Les exportations vers les États-Unis ont glissé de 6,3 % à 30,4 milliards $ en mars, tandis que les importations ont diminué de 4,8 % à 28,9 milliards $, selon le rapport.

En excluant les États-Unis, le déficit commercial du Canada avec le reste du monde a augmenté à 4,9 milliards $ en mars, par rapport à celui de 4,6 milliards $ de février.