La banque centrale américaine (Fed) a prolongé sa pause sur les taux d'intérêt mercredi notant que la croissance a ralenti aux États-Unis, mais elle est apparue moins soucieuse des risques économiques internationaux, selon le communiqué du Comité monétaire mercredi.

Les taux directeurs restent dans la fourchette de 0,25% à 0,50%, conformément aux attentes des marchés. C'est la troisième fois depuis le relèvement modeste mais historique opéré en décembre après sept ans de politique à taux zéro, que la Fed choisit le statu quo.

Le Comité monétaire (FOMC) a noté mercredi que la croissance américaine a ralenti mais a souligné le dynamisme du marché du travail. Il continue de «surveiller de près» les développements économiques et financiers à l'international mais n'évoque plus explicitement les risques qu'ils font peser sur la première économie mondiale, comme cela était mentionné à l'issue de la réunion de mars.

Comme en mars, une seule membre de la Fed, Esther George de l'antenne régionale de Kansas City, a voté contre le statu quo, préférant que les taux soient relevés d'un quart de point dès maintenant.

La Fed ne donne guère d'indication sur ce que sera sa prochaine décision sur les taux en juin. Elle répète toutefois que les conditions économiques devraient requérir une hausse «graduelle» des taux d'intérêt.

Le fait qu'une seule dissension se soit exprimée, alors que d'autres membres du Comité avaient, avant la réunion, plaidé pour ne pas attendre trop longtemps avant un relèvement, pourrait signaler qu'ils ont eu l'assurance qu'une hausse se profilait à l'horizon, peut-être dès le 15 juin lors de la prochaine réunion.

Poursuite de la croissance modérée

En mars, les membres de la Fed prévoyaient en moyenne de relancer le cycle de resserrement monétaire avec deux modiques hausses des taux d'ici la fin de l'année pour porter le coût du crédit à autour de 0,9%. Mais les attentes des marchés, mesurées par les instruments financiers à terme, ne projettent qu'une hausse, à peine.

Les membres du Comité assurent en tout cas qu'à l'avenir «l'activité économique va croître à un rythme modéré» et que «les indicateurs du marché du travail vont continuer à se renforcer». Le taux de chômage est à 5%.

Ils estiment que l'inflation va encore demeurer basse à court terme mais apparaissent confiants dans le fait qu'elle remonte autour de la cible de 2% «à moyen terme après que les effets provisoires des déclins des prix de l'énergie et des produits importés se sont dissipés».

«Le comité continue de surveiller de près les indicateurs d'inflation et les développements économiques et financiers mondiaux», ajoute le communiqué alors que le  Fonds monétaire international (FMI) a abaissé récemment ses prévisions de croissance mondiale, relevant les risques accrus d'une «longue stagnation» de l'activité.

Sur le front intérieur, la Fed dresse un tableau relativement équilibré de l'activité, notant points faibles et points forts. Si les dépenses des ménages se sont affaiblies, la banque centrale note que leur revenu réel a augmenté à un rythme «solide» et que la confiance des consommateurs reste forte. Le marché immobilier s'est encore amélioré, dit l'institution monétaire, tandis que les exportations ont été faibles.

Le gouvernement publie jeudi sa première estimation de la croissance du Produit intérieur brut qui, comme le constate la Fed en parlant de ralentissement, devrait nettement marquer le pas.

Les économistes s'attendent à ce que l'expansion de la première économie mondiale n'affiche que 0,9% de janvier à mars en rythme annualisé, selon leur prévision médiane, après 1,4% au dernier trimestre 2015.

La banque centrale sera aussi attentive vendredi à la publication de l'indice du coût de l'emploi pour le premier trimestre alors qu'une hausse plus vive des salaires signifierait une accélération de l'inflation.

L'indice d'inflation PCE, baromètre favori de la banque centrale, sera également annoncé vendredi. Sur un an il n'était qu'à 1% en février mais déjà à 1,7% sans les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie. La Fed a un objectif de 2% d'inflation qu'elle estime sain pour l'économie.