Les laboratoires pharmaceutiques américains Pfizer et Allergan ont annoncé dans la nuit de lundi à mardi examiner de près les nouvelles mesures des États-Unis contre les mariages d'entreprises motivés pour des raisons fiscales, susceptibles de menacer leur fusion en cours.

«Nous sommes en train de conduire un examen des mesures annoncées aujourd'hui par le département du Trésor», l'équivalent du ministère français de l'Economie et du Budget, écrivent les deux groupes dans une déclaration commune succincte. «Avant de terminer cette revue, nous ne pouvons spéculer sur un potentiel impact» de ces décisions, ajoutent-ils sans autre détail.

Lundi, les États-Unis ont annoncé de nouvelles mesures pour freiner l'exil fiscal des multinationales américaines qui fuient l'impôt en transférant leur siège social à l'étranger à la faveur de rachats d'entreprises.

Le Trésor va notamment rendre plus difficile pour un groupe étranger de revendiquer 20% du capital d'une société américaine, seuil qui permet à la nouvelle entité d'échapper à l'impôt américain.

Il va aussi s'attaquer au mécanisme qui permet, après une «inversion», à la filiale américaine du nouveau groupe de réduire son ardoise fiscale en déduisant de ses impôts les intérêts qu'elle paye sur un prêt accordé par sa maison mère. Le Trésor va précisément cibler ces opérations comptables quand ce prêt ne finance «aucun nouvel investissement» aux États-Unis, a-t-il fait valoir.

Ces nouvelles actions, qui sont la troisième vague après 2014 et 2015, sont considérées comme plus dures et s'appliquent aux fusions qui seront finalisées après le 4 avril. Or le mariage Pfizer-Allergan est censé se conclure d'ici la fin de l'année. Autant dire qu'il pourrait faire les frais de cette offensive anti-évitement fiscal. C'est ce que semblent penser les investisseurs qui ont liquidé le titre Allergan dans les échanges électroniques de post-séance à Wall Street lundi. Le titre du fabricant du traitement anti-rides Botox a ainsi dégringolé de près de 22%.

Pfizer et Allergan avaient annoncé leur rapprochement en novembre pour 160 milliards de dollars, une opération censée créer le numéro un mondial de la pharmacie devant le suisse Novartis.

Cette transaction est surtout la plus importante opération d'évitement fiscal jamais réalisée par une entreprise américaine puisqu'elle devrait entraîner la domiciliation hors des États-Unis de la nouvelle entité, Allergan étant basé en Irlande tout en conservant ses activités et ses structures de direction aux États-Unis.

Ce calcul légal, mais controversé, vise notamment à échapper à l'impôt fédéral sur les sociétés aux États-Unis qui est le plus élevé parmi les pays industrialisés (35%).