Les actions de Valeant ont été en net recul, lundi, au coeur de l'annonce sur l'état de santé de son chef de la direction et du report de la divulgation de ses résultats financiers trimestriels.

Même l'annonce, faite dimanche, que Michael Pearson est de retour au travail après avoir souffert d'une grave pneumonie n'a pas aidé le cours des actions de l'entreprise.

Les actions de la société pharmaceutique établie à Laval se transigent à New York à environ le quart de leur sommet de 263,81 $ enregistré en août dernier. Ce sommet a été atteint avant la tourmente ayant éclaboussé l'entreprise.

Valeant a fait face aux retombées de sa relation avec la controversée pharmacie américaine Philidor, spécialisée dans les commandes postales. L'entreprise a coupé ses liens avec Philidor l'automne dernier en raison d'allégations de pratiques douteuses qui ont entaché sa réputation. Valeant a aussi été critiquée pour avoir augmenté le prix de certains médicaments.

À New York, les actions de Valeant ont chuté lundi de 14,85 $, ou plus de 18 %, clôturant à 65,80 $.

À la Bourse de Toronto, le titre de Valeant a cédé 15,34 $, ou près de 14 %, clôturant à 94,49 $.

Les investisseurs semblaient réagir au fait que Valeant a annoncé, dimanche, qu'elle retirait toutes ses prévisions financières en attendant le dévoilement de nouveaux objectifs.

Valeant a aussi de nouveau reporté l'annonce de ses résultats du quatrième trimestre de 2015, qui devaient être dévoilés lundi. L'entreprise a justifié ce report par le retour au travail de M. Pearson.

L'analyste de Nomura Shibani Malhotra a dit, lundi, s'inquiéter de la décision de Valeant de retirer ses objectifs financiers 2016 confirmés il y a à peine six semaines, tout en ajoutant voir un élément « positif » dans le retour de M. Pearson.

« Valeant devra rétablir sa crédibilité avant de reprendre de l'élan, et cela n'aide pas de ramener le chef de la direction ayant suscité des doutes durant son mandat sur la divulgation des résultats financiers et sur la gestion des allégations contre Philidor », a fait valoir pour sa part par courriel Erik Gordon, professeur et analyste du secteur pharmaceutique à l'école des affaires Ross de l'Université du Michigan.

La convalescence de M. Pearson, et le peu d'informations divulguées par l'entreprise sur son état de santé, ne sont pas les seules sources d'inquiétude ayant fait glisser l'action de Valeant.

Mardi dernier, Valeant avait dit qu'elle repousserait le dépôt de son rapport annuel 2015 auprès des régulateurs le temps que l'entreprise clarifie ses relations passées avec la pharmacie spécialisée dans les commandes postales Philidor.

Valeant avait dit s'attendre à revoir à la baisse d'environ 10 cents par action son bénéfice affiché en 2014, et à relever d'environ neuf cents celui de 2015. La raison en est qu'environ 58 millions de dollars en ventes à Philidor avaient été comptabilisés trop tôt - au moment où elles avaient été livrées à Philidor, plutôt qu'après la réception des produits par les patients.

Moody's avait révisé, mardi, les perspectives pour Valeant de stables à négatives, mais avait souligné que la confusion sur les revenus « semblait relativement mineure ».

Moody's a placé sous examen pour une possible dégradation, lundi, toutes les cotes de Valeant et de ses filiales. L'organisme a dit craindre que le « rendement d'exploitation général de Valeant soit plus faible que ce qu'avait anticipé précédemment Moody's, risquant de nuire » aux plans de l'entreprise pour réduire sa dette.

En date du 30 septembre, Valeant avait affiché une dette à long terme d'un peu plus de 30 milliards de dollars - soit plus de 20 fois son bénéfice d'exploitation pour les neuf premiers mois de 2015 et trois fois ses revenus annuels d'environ 10 milliards.