Le conseil d'administration du groupe japonais Sharp a accepté jeudi l'offre de rachat déposée par le groupe taïwanais Hon Hai/Foxconn dont il va devenir une filiale, ont affirmé les médias locaux.

Hon Hai/Foxconn a proposé de racheter Sharp pour un montant de l'ordre de 700 milliards de yens (5,4 milliards d'euros) et cette offre a été retenue jeudi matin par les administrateurs du groupe nippon, aux dépens d'une proposition concurrente du fonds semi-public japonais INCJ, ont précisé les télévisions et agences de presse.

Aucun des protagonistes n'avait cependant confirmé l'information dans l'immédiat.

Les 13 membres du conseil d'administration de Sharp (dont 5 externes) s'étaient déjà réunis mercredi mais n'avaient pas réussi à trancher, même si la proposition du géant Hon Hai était donnée favorite.

Sharp n'a rien dit de l'avancée des discussions, tandis que le patron de Hon Hai/Foxconn, Terry Gou, n'a pas hésité il y a plusieurs jours déjà à prétendre devant les caméras que son offre était pour ainsi dire acceptée, que «le reste n'était que procédure».

Il avait même affirmé avoir obtenu un droit de négociations exclusives, ce que Sharp a démenti.

Les deux se connaissent bien pour exploiter ensemble une usine de dalles-mères à cristaux liquides (LCD) au Japon, mais de précédentes négociations pour une entrée de Hon Hai au capital de Sharp avaient échoué il y a quelques années, ce qui a rendu le groupe nippon un peu méfiant vis-à-vis de son interlocuteur.

Pour cette raison, la direction de Sharp a jusqu'à présent insisté sur le fait qu'elle maintenait deux fers au feu: l'un avec Hon Hai, qui a proposé de racheter le groupe pour 700 milliards de yens, l'autre avec le fonds japonais INCJ, qui suggérait de restructurer Sharp en lui apportant un soutien de 300 milliards de yens assorti d'une annulation de dettes de la part des banques.

Sharp est tombé dans une situation financière catastrophique ces dernières années à cause d'une concurrence phénoménale sur les dalles LCD. Ses technologies de pointe n'ont pas suffi à lui faire conserver son avance commerciale.

Le groupe centenaire a compris qu'il était désormais incapable de se redresser seul, mais il s'est retrouvé placé devant un choix cornélien: passer sous pavillon taïwanais avec Hon Hai, ou être démantelé par un fonds semi-étatique qui souhaite le fusionner en partie avec une autre entreprise de LCD, Japan Display, qu'il a lui-même créée en 2012.

L'action Sharp s'est mise à jouer au yo-yo dans les minutes suivant les informations des médias, descendant un temps à 165 yens (-5,17%) avant de remonter à 181 yens (+4,02%).

Les donneurs d'ordres ont été habitués depuis des mois à des assertions de la presse immédiatement démenties par Sharp et sont donc un tantinet fébriles.